Publié le jeudi 12 mars 2015 à 03H00
Après l’accident d’hélicoptère de mardi qui a coûté la vie à dix personnes, dont trois sportifs français, en Argentine, le monde du sport est en deuil. En Calédonie, Florence Arthaud, Camille Muffat ou Alexis Vastine ont également laissé leur empreinte chez nos athlètes.
Camille Muffat (àgauche), Florence Arthaud et Alexis Vastine (en bas à droite en compagnie de Nicolas Dion et du coach Christian Delisquet) sont morts dans un accident d’hélicoptère lundi en Argentine.
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n Camille Muffat, une naïade en or
Camille la discrète. C’est ainsi que la nageuse, triple médaillée aux Jeux olympiques de Londres en 2012 est qualifiée. Pourtant, elle aura marqué de nombreux sportifs. En Calédonie, ce sont trois générations de nageurs qui lui rendent hommage. « Je l’ai d’abord connue en tant que partenaire en équipe de France puis lors de ma première année dans l’encadrement, se souvient Diane Bui-Duyet. Camille, c’était un leader dans l’équipe de France alors qu’elle était d’abord dans l’ombre de Laure Manaudou. Elle avait un fort caractère qui lui a permis d’atteindre ce très haut niveau. J’ai une pensée pour elle, sa famille et toutes les filles de l’équipe de France. »
De son côté, Thomas Dahlia, membre de l’équipe de France se rappelle de ses années à Nice avec Camille Muffat. « On s’est entraînés ensemble pendant deux ans à l’Olympique natation de Nice de 2008 à 2010. Après ça, je suis allé à Antibes, mais nous sommes restés en contact et on s’est croisés à de multiples reprises sur les bassins. Camille était certainement la personne la plus forte que je connaisse. Rien ne lui faisait peur, elle affrontait tous les défis et d’une manière ou d’une autre, elle arrivait toujours à se surpasser. Elle restera un exemple pour moi. »
Un modèle également pour la jeune génération de nageurs à l’image d’Emma Terebo qui a croisé la route de la championne olympique lors des deux derniers championnats de France. « Je ne la connaissais pas très bien, mais j’ai eu la chance de l’affronter l’année dernière à Chartres sur 100 m dos. Quand je la voyais remporter toutes ces médailles, ça me donnait de la motivation. Je me disais que je voulais aussi atteindre ce niveau. Maintenant, il faudra aller aux France dans trois semaines. L’ambiance ne sera pas comme les autres années. »
n Vastine, l’injustice olympique
Sa rage face à deux injustices d’arbitrage aux JO de Pékin (demi-finale) et de Londres (quart de finale) avait fait connaître Alexis Vastine auprès du grand public. Des déceptions immenses que le champion, en larmes à l’époque, avait pourtant su mettre de côté en se préparant pour de nouvelles olympiades à Rio en 2016. Sa façon à lui de reprendre le dessus, envers et contre tout. Une marque de fabrique que le boxeur calédonien Nicolas Dion, pensionnaire de l’équipe de France de boxe à ses côtés dans les années 2000, reconnaissait en ce champion d’exception. « J’ai côtoyé Alexis en stage en équipe de France ainsi que son frère Adriani. C’était un boxeur qui a toute mon admiration pour son parcours. C’était un vrai battant. Après s’être fait voler deux fois en deux Jeux, il avait encore décidé de repartir à Rio pour tenter une troisième olympiade. Il comptait parmi les meilleurs boxeurs amateurs au monde et c’est une fierté d’avoir partagé des moments avec lui. À mes yeux, c’est un exemple. Il méritait ces médailles volées. Il était humble et avait toujours le sourire. Notre première rencontre s’est déroulée lors d’un combat France-Ukraine. C’était un vrai capitaine, il était apprécié et respecté. Je sais que dernièrement il avait perdu sa sœur. La vie ne lui a fait aucun cadeau. Toutes mes pensées vont à son frère, que j’ai aussi côtoyé et je les savais proches, ainsi qu’à sa famille. Je suis encore sous le choc. »
n Florence Arthaud, pionnière des mers
À jamais la première. Florence Arthaud était et restera la première femme à avoir remporté la Route du Rhum, la traversée de l’Atlantique en solitaire. C’était en 1990 lors de sa troisième participation à l’épreuve. Elle aura marqué des générations entières de marins. Elle aura surtout impulsé aux femmes l’envie de se mesurer à cet univers réputé macho, et rugueux qu’est la voile. Sur le Caillou, c’est grâce à ce petit bout de femme aux allures d’aventurière que beaucoup de navigatrices ont eu l’envie de prendre la barre. C’est le cas de Manu Merlot, de la Société des régates calédoniennes (SRC) qui avait pris part il y a quelques années à la course à la voile 100 % féminine sur le Caillou, la No Woman No Sail avec le monocoque... le Florence Arthaud. « C’est presque elle qui m’a donné la passion de la mer, qui m’a donné l’envie de naviguer. On n’avait jamais vu ça avant. Elle est arrivée et a marqué ce sport. Elle était pleine d’engagement. Ça nous a poussées, nous aussi, en tant que femmes, à investir le milieu de la voile. C’est une nouvelle vraiment triste. C’est un personnage emblématique qui nous a quittés. »
Lire également en pages 39 et 45.
MRB et Mbig
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