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L'équipage du Libertad transporte des bagages sur le port du Trema, au Ghana, le 24 octobre 2012
L'avion a décollé à 18h15 GMT de l'aéroport international d'Accra, a constaté un journaliste de l'AFP, qui a vu des marins monter à bord de l'appareil.
Le charter Air France affrété par l'Argentine ramène 280 membres de l'équipage du bateau-école de la marine, alors que la bataille judiciaire se poursuit entre Buenos Aires et le fonds spéculatif NML qui retient le navire militaire depuis le 2 octobre.
Le personnel évacué, argentin pour la plupart, compte aussi des Brésiliens, des Chiliens, des Equatoriens, des Paraguayens et des Vénézuéliens. Certains d'entre eux ont confié ces derniers jours avoir hâte de rentrer.
Environ 40 marins vont rester à bord pour s'occuper de la maintenance du bateau dans le port de Tema, à 25 kilomètres à l'est d'Accra.
Pendant leur séjour ouest-africain qui s'est avéré bien plus long que prévu, les marins ont occupé leurs journées comme ils pouvaient, en faisant des courses dans le centre commercial d'Accra ou en improvisant des parties de football sur la plage, mais mercredi, tout le monde était occupé à faire ses valises.
Les marins allaient et venaient, chargeant leurs bagages dans une dizaine d'autobus stationnés le long du navire, prêts à partir pour l'aéroport.
Buenos Aires a dû organiser cette évacuation à la suite de la décision du tribunal d'Accra de retenir le navire-école Libertad à Tema, à la demande du fonds spéculatif NML qui réclame à Buenos Aires le paiement d'une dette de plus de 370 millions de dollars (283 millions d'euros).
La possibilité que n'importe quel bien argentin --dont un avion-- envoyé au Ghana puisse être retenu à son tour dans cette affaire a rendu compliquée l'organisation du rapatriement des marins.
NML, un fonds spéculatif basé aux Iles Caïman, filiale de la société new-yorkaise Elliott Capital Management, avait acheté une partie de la dette argentine à bas prix au moment de l'effondrement de l'économie argentine, en 2000.
Buenos Aires a depuis rééchelonné ou remboursé 93% de sa dette, les 7% restants étant pour l'essentiel entre les mains de fonds spéculatifs.
L'avocat de NML a répété à plusieurs reprises à l'Argentine que le navire pouvait être libéré immédiatement si Buenos Aires déposait une caution de 20 millions de dollars (15,4 millions d'euros).
Mais l'Argentine n'a pas souhaité payer ou même négocier avec ceux qu'ils considèrent comme un "fonds vautour".
Le ministre argentin des Affaires Etrangères Hector Timerman a appelé lundi le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour demander de l'aide dans la libération de la frégate, et s'est même adressé directement au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Le président en exercice du Conseil de sécurité, l'ambassadeur du Guatemala Gert Rosenthal, a expliqué que "cette affaire ne menaçait pas la paix internationale".
Ban Ki-moon s'est engagé quant à lui à "recourir aux bons offices de son bureau pour parler au gouvernement du Ghana et échanger des opinions sur les moyens de régler ce conflit".
La détention du ARA Libertad, qui fait partie de la flotte militaire argentine depuis 1963, a aussi déclenché une crise au sein de la marine et de l'armée.
La directrice du renseignement militaire stratégique, Lourdes Puente Olivera, a démissionné la semaine dernière ainsi que le chef de la marine argentine, l'amiral Carlos Alberto Paza.
Deux responsables de la marine ont aussi été sanctionnés par le ministère de la Défense.