Deux bonnes questions pour les Bleus: pourquoi les Wallabies, leurs premiers adversaires de la tournée d’automne samedi soir (21h00) à Saint-Denis, sont-ils leur bête noire et peuvent-ils les dompter après une série de cinq défaites ? Le tout en sachant que la dernière victoire de la France contre l'Australie remonte au 5 novembre 2005 à Marseille (26-16).
A chaud, Marc Lièvremont n’avait pas eu de mots pour "expliquer l’inexplicable". Deux ans plus tard, son successeur espère avoir ciblé le mal. Humiliée comme jamais un soir de novembre 2010 par l’Australie (16-59), l’équipe de France retrouve « sa bête noire » samedi au Stade de France avec son nouveau statut de vice-championne du monde épinglé à la collerette mais si peu de certitudes quant à sa capacité à tenir la distance. Contraint de composer avec une programmation bancale, qui verra l’opposition proposée aux Bleus décliner progressivement en adversité (sur le papier) sur ce mois de novembre, et un calendrier dont on ne s’étonne même plus du ridicule mais qui l’a empêché de préparer ce rendez-vous avec un groupe étoffé toute la semaine (et donc d’anticiper le forfait de dernière minute de Yoann Maestri), Philippe Saint-André veut croire aux vertus d’un entraînement plus poussé qu’à l’accoutumée dirigé dimanche dernier pour conduire ses hommes à une première victoire contre les Wallabies depuis 2005…
Une opposition sans compromis, qui lui a permis de dégager 23 élus, mais surtout d’emmener ses coqs de combat "dans des zones de fatigue assez extrêmes parce qu'on sait que les Australiens (...) quand ils gagnent leur match (...) ils font exploser les autres équipes à partir de la 60e minute." Le sélectionneur du XV de France en veut pour exemple les trois seules victoires de l’Australie dans le Four Nations contre l’Afrique du Sud (26-19) et l’Argentine (23-19 et 25-19). Mais aussi le souvenir douloureux de la démission collective de Thierry Dusautoir et de ses coéquipiers en 2010, devant au tableau d’affichage au retour des vestiaires (49e, 16-13) mais emportés par une déferlante de six essais en un peu plus d'une demi-heure...
Michalak: "Pour l’instant, on n’a encore rien gagné"
"Ils ont cette capacité devant à être très costauds et à travailler dans l'axe avec beaucoup de puissance et ont des trois-quarts qui apportent beaucoup de vitesse avec des courses dans tous les sens pour créer beaucoup d'incertitude", résume Maxime Mermoz, qui ne fait pas partie des cinq survivants de ce triste 27 novembre 2010 (Thomas Domingo, Nicolas Mas, Fulgence Ouedraogo, Morgan Parra et Yoann Huget). Pour éviter de prendre l’eau par les extérieurs, « PSA » compte sur Fulgence Ouedraogo et Yannick Nyanga, "deux troisièmes lignes très rapides", pour "fermer les ailes et muscler le rideau défensif". Mais la menace pourrait aussi venir cette fois-ci de la mêlée, seul secteur dans lequel n’avaient pas failli les Bleus en 2010 mais que les Wallabies ont travaillé, au point de mettre à mal les packs sud-africains et néo-zélandais…
Rien de bien rassurant. Pour se donner du cœur à l’ouvrage, les Français pourront se convaincre que les Australiens sont peut-être usés par cinq mois de cohabitation et diminués par les absences de joueurs majeurs, les demis Will Genia et Quade Cooper, les avants David Pocock et Ben Alexander, ou encore les arrières Berrick Barnes et Drew Mitchell. Et s’appuyer sur leur dernière sortie en Argentine contre les Pumas (10-49), comme l’espère Philippe Saint-André. "On avait peu de temps, c'était plus rassurant de retrouver le même squelette qu'en Argentine", s’est-il justifié à l’heure de remettre en jeu la charnière Machenaud-Michalak et la paire de centres Mermoz-Fritz, quitte à décaler Fofana à l’aile.
Une dernière impression, après un Tournoi 2012 en demi-teinte terminé à la quatrième place, qui ne devrait pas servir de leurre… "Je crois qu’on a joué un match en Argentine assez facile face à une équipe B, rappelait ainsi un Michalak lucide et emprunt d’une nouvelle sagesse à l’heure de reprendre les clés de l’équipe de France. C’est vrai que c’est bien pour la confiance de faire ce genre de matches. Mais c’en sera un autre ce week-end, une grosse opposition, donc ce sera forcément différent. Il nous faut des matches comme ça pour nous évaluer, voir l’avenir parce que pour l’instant, on n’a encore rien gagné." Si ce n'est d'avoir encore une petite chance d'entrer dans le Top 4 mondial pour accrocher in extremis un statut de tête de série à l'occasion du tirage au sort de la Coupe du monde 2015. A condition de prendre sa revanche contre l'Australie...
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