Les Barras Bravas

Les Barras Bravas sont un mal qui gangrène l'Argentine, ou plus particulièrement l'Amérique Latine. Souvent bien organisée, elles sont très présentes dans les clubs, faisant la loi et étant intouchable. Alors que les morts s'empilent en Argentine, personnes ne semblent vouloir faire quelques choses pour les arrêter. Non allons sur cet article parler spécialement du phénomène en Argentine. Alors qui sont les Barras Bravas exactement ? Quels sont les liens qu'ils ont avec leurs propres équipes ? Les supporteurs ? Les dirigeants des clubs ? Ou encore avec le gouvernement ?

Que sont les Barras Bravas ?

Les Barras Bravas (ou simplement Barra Brava au singulier), sont des groupes de supporteur organisés incrustés dans les clubs de football. Les journalistes estiment que le 1re Barra Brava a vu le jour en Argentine avant de devenir populaire et de proférer dans toute l'Amérique Latine. Les Barras sont souvent comparés aux Hooligans ou à des Ultras mais, force de constater que les Barras Bravas sont beaucoup plus dangereuses que leurs cousins Européen. Leurs caractéristiques principales sont la violence, le trafic de drogue, le nationalisme, l'honneur du maillot de leur club, le gout de se battre et de s'affirmer comme étant la meilleure Barra du pays. Les membres sont souvent recrutés très jeune dans les stades de foot où souvent une tribune entière est réservée à la Barra Brava (ou du moins une partie, le reste de la tribune est principalement pour les gens qui n'ont pas trop d'argent -La Popular- mais elle reste globalement contrôlée par la Barra), qui a pour mission de mettre l'ambiance tout le match avec des chants, musiques, fumigènes ou encore des tiffos. La méthode de recrutement est simple, la tribune de la Barra étant la moins chère, souvent les jeunes qui veulent aller au stade et qui n'ont pas trop d'argent vont dans cette tribune ou rentre carrément gratuitement en étant avec la barra Brava, qui en échange demande des services. Les plus jeunes étant facilement influençables, c'est avec une grande facilitée qu'ils arrivent à les recrutés.

En Argentine chaque club possède une Barra Brava, les plus puissantes et dangereuses sont : la Doce (ou la 12, la barra Brava de Boca), Los Borrachos Del Tablón (River Plate), La Hinchada la Mas Popular (Newell's Old Boys) ou encore La Baja Del Rojo (Idependiente). Certaine Barra de club en division inférieure sont également connu comme étant très dangereuse. Dans cette catégorie, il y a la Barra du club "Nuevo Chicago" (club qui a vu évoluer en son sein le père et le frère de Gonzalo Higuain), est réputé pour être extrêmement dangereuse et qui a vu en 2007 une sanction record de 20 points de retrait, pour cause de violence extrême qui a également valu une relégation en 3e division.


La Barra Brava du club de Nueva Chicago.

Comment sont-elles organisées ?

Elle s'organise assez simplement. Chacune d'entre elles a un chef qui gère les affaires de son groupe. Le reste s'organise alors comme un "gang". Il y a donc le chef, les "Lieutenants" qui sont les amis de ce dernier qui vont lui obéir et faire surtout en sorte qu'on lui obéisse. D'autres encore auront pour tâche de vendre de la nourriture, d'autres des maillots aux abords du stade, ou d'autres seront chargés de jouer la musique pendant le match, aider à mettre l'ambiance, etc. L'argent gagné par la Barra servira à payer des voyages, des événements spéciaux ainsi que de la drogue.

La succession est assez compliquée, très souvent elle se fait lorsqu'un chef meurt ou part en prison, ce qui est fréquent vue la violence des Barras, où il n'est pas rare que le chef mouille dans des histoires louches. Chaque groupe à son propre mode de fonctionnement et règles. Selon l'usage actuel à Boca Junior chez la Doce, quand un chef part en prison par exemple, son successeur doit logiquement donner de l'argent chaque mois à la famille du chef déchu pour l'aider. Règle que Mauro Martin, actuel chef de la Doce ne respecte pas et qui met le feu dans les tribunes de la Bombonera où les morts se multiplient lors des règlements de comptes.


La Barra Brava de Boca Junior.

Quels sont les liens avec les supporteurs de son club, ou avec les autres clubs ?

La Barra Brava à évidemment beaucoup de lien avec le football et les supporteurs de l'équipe. C'est principalement à eux qu'incombe la tâche de toujours mettre l'ambiance. Pour faire cela il y a évidemment les traditionnels tambours (Bombos), mais également des fumigènes, chants, ce sont eux également qui mettent en place les différents tiffos à faire avant le match. Tout ça ne ce fait pas gratuitement, bien que leur première motivation soit la célébration de l'équipe qu'il supporte car ce sont avant toutes choses des fanatiques de football, les Barras Bravas sont donc payés par les clubs pour mettre cette ambiance si caractéristique aux matchs de football Argentin et apprécié par beaucoup.

Il peut y avoir dans un même club deux Barras Bravas. Mais contrairement aux Ultras en Europe qui eux se partage le stade (un virage sud et l'autre le nord très souvent) en Argentine seul une Barra peut avoir le contrôle du stade, ce qui a comme résultat des affrontements résultant quelquefois sur des morts. Il y a par exemple chez Newell's Old Boys la Barra Brava "La Hinchada la Mas Popular" qui reste la #1 mais l'ancienne Barra "La Hinchada que Nunca Abandonna", revient à la charge pour reprendre son ancien territoire, créant des conflits dans le stade et aux alentours. Ce même scénario touche en ce moment le CA Lanus, où lors de la dernière journée de championnat un drâme a eu lieu. Deux Barras du même club se sont affrontés en tribune résultant à un mort dans le stade et une autre mort à l'hôpital où l'autre membre de la Barra est décédé de ses blessures.

Mais la barra Brava se bat également pour l'honneur de son club. Ainsi il n'est pas rare (et sur ce point ils se rapprochent de leurs cousins hooligans et ultras) de les voir se battre contre d'autres Barra souvent très violemment.
Je me rappelle ce soir de juillet, Newell's accueille Estudiantes. Les fans Rojinegro s'en vont au stade, j'y vais moi-même avec l'autre auteur de ce blog (@jeanleproso), quand subitement nous voyons un homme avec un maillot d'Estudiantes avancer vers le stade, provocateur (on nous dira plus tard que c'était le chef de la Barra Brava d'Estudiantes). Quoi qu'il en soit, cet homme est vite pris à partie pars des membres de la Barra de NOB dont un qui lui met un sac-poubelle sur la tête avant de ruer de coup l'homme, avec l'aide des autres membres de la Barra et de le laissé finalement pour mort par terre à la vue de tous, à seulement 5 mètres d'un policier qui seul n'a pas pu (ou voulu) intervenir face à ce déchainement de haine et de violence. On ne provoque pas sans s'attendre à des représailles en Argentine. Nous ne savons pas ce qu'est advenu de cet homme par la suite.

Pour finir, il n'est pas rare en Argentine de voir plusieurs clubs dans la même ville (Buenos Aires en compte 14 je crois par exemple et ainsi plusieurs Barras dans la même ville. Il est donc souvent possible de voir dans les rues de petits affrontements surtout lors de semaines précédents un classico où chacun "charrie" l'autre du mieux qu'il peut.
Un autre exemple à Rosario où un classico entre NOB et Rosario Central avait été programmer en amical l'été dernier. Commence donc les petites "blagues". La Barra de Newell's a été jusqu'à taguer le stade de Rosario Central, où les supporteurs de ce dernier ont en représailles fait sauter la boutique officielle de NOB avec une bombe. Oui vous avez bien lu, une bombe. A suivi une semaine où dans les rues les affrontements se sont multipliés pour finir sur une annulation de match vu le risque d'extrême violence.


Incident durant un match au milieu de la Barra Brava.

Liens avec les joueurs du club, dirigeants ?

Les Barras Bravas ont des liens avec les joueurs très souvent. Ce lien peut aller du simple don de maillot pour que la Barra Brava puisse le revendre et se faire de l'argent, il peut également venir lors d'évènements organisés par la Barra comme des repas où l'entrée sera payante mais où dedans on pourra voir les joueurs du club, discuter avec eux, ect. Mais ça peut aller beaucoup plus loin, certaines Barras Bravas réclament jusqu'à 10.000 pesos (monnaie Argentine) par joueur pour financier des voyages et pouvoir suivre les joueurs lors de grands déplacements. Si la plupart des joueurs ne disent rien, certains font clairement comprendre que pour eux c'est du racket dissimulé. Ainsi Riquelme a clairement dit à la Doce qu'ils n'auront plus rien venant de sa poche. En guise de représailles la Barra de Boca ne chante plus la gloire de Riquelme lors de matchs à la Bombonera. Mais certains donnent tout ce que souhaite la Barra, Martín Palermo par exemple a la réputation ici de donner tout ce que souhaite la Doce même s'il a depuis un moment arrêté de jouer à Boca pour partir entrainer Godoy Cruz. Régulièrement il donne de l'argent pour financer des voyages, des anciens maillots qu'il possède entre autres.

Ce mouvement populiste a une relation très mitigée avec les dirigeants d'un club. Certains clubs aiment les Barras, car elles mettent de l'ambiance dans le stade, aident à l'organisation, protège aussi le club en se battant contre d'autres groupes de supporteurs par exemple. Ce sont aussi les Barras Bravas qui se chargent de faire pression sur des personnes qu'on souhaite voir partir.

Par exemple, un joueur joue mal. Le club ne veut pas officiellement lui demander de partir pour éviter de devoir payer des indemnités de licenciement alors discrètement on va demander aux Barras Bravas d'aller faire pression ou lui faire peur pour que le joueur parte de lui-même. On peut donc assister à des scènes surréalistes où des Barras campent devant des maisons de joueurs pour y crier des phrases de ce type, "Ou tu pars, ou on te tranche la gorge la prochaine fois qu'on te croise !", ou encore "si tu n'as pas envie de voir ta femme et tes gosses morts tu ferais mieux de quitter le club et très vite". Des phrases d'une extrême violence que les joueurs prennent très aux sérieux, sachant très bien que les groupes en seraient capables.

Mais c'est à double tranchant pour les dirigeants, car si la Barras n'est plus contente de son président elle va aller faire pression de même chez lui pour qu'il dégage. Les motifs peuvent être variés mais, souvent c'est parce qu'il a tenté de stopper la Barra en leur donnant moins de liberté, moins d'argent ou en les comparant à des criminels. Rare sont les présidents qui disent tout haut la vérité. Le dernier en date est Cantero qui en a eu marre que la Barra d'Independiente vienne salir le nom de ce club de légende avec des bagarres, des meurtres, des menaces ou du racket. En représailles la Barra a arrêté de supporter l'équipe qui était au plus mal, et lors de la dernière assemblée du club ils ont carrément sauté sur le Président avec pour objectif simple de le massacré. Car dans un club, c'est finalement la barra Brava qui décidera de tout. C'est elle qui ira menacer les joueurs pour qu'ils partent, menacé l'entraineur s'ils l'aiment pas, etc.

La plupart des Présidents préfèrent ne rien dire pour éviter des problèmes ou des drames. Mais ils sont seuls dans cette partie, vu que le mouvement est soutenu par le gouvernement Argentin.

Le Président d'Independiente menacé physiquement par la Barra Brava du club.

Liens avec le Gouvernement ?

Tout commence avec Néstor Kirchner, il créa lors de son mandat de président d'Argentine une structure regroupant toutes les Barras Bravas du pays en leur donnant des droits et du pouvoir. Cette structure continue à être active de nos jours avec sa femme Cristina Kirchner aujourd'hui présidente à sa place. Alors, pourquoi donner du pouvoir aux Barras Bravas ? Pourquoi faire en sorte des protégés ? Les réponses sont en faites assez simples.

Déjà d'un point de vue économique. Les Barras Bravas sont ceux qui voyagent chaque semaine pour suivre leurs équipes, ce sont eux qui laissent beaucoup d'argent dans les voyages, hôtels, prix des billets pour entrer, etc. Mit bout à bout chaque semaine multipliée par toutes les Barras Bravas cela rapporte beaucoup d'argent. Mais outre ça, en donnant du pouvoir et de l'importance aux Barras Bravas, le gouvernement s'assure aussi d'un soutien immense en Argentine de la part de ces gens-là. Ils n'hésitent plus dans les stades à afficher leur appartenance politique, créant une propagande énorme par la même occasion, affichant des pancartes en faveur de ce gouvernement, allant même jusqu'à critiquer des journaux antigouvernementale.

Cela va même plus loin. En effet il n'est pas rare qu'une émission de télé vers 22h montre un opposant au gouvernement dénonçant des agissements scandaleux de la part de ce dernier. C'est alors que rentre en jeu tout le monde. Les Barras Bravas pro-Kirchner et donc pro-gouvernement vont annoncer qu'à l'heure du match prévu par exemple 20h ils vont pour x ou y raisons foutre la merde avec la police, se battre avec, etc. Le gouvernement décide donc pour cause de "sécurité" et déplacer le match de 20h à 22h sur une autre chaîne de télé. Un Argentin n'hésitera pas au moment de choisir entre un match de foot important et un mec qui parle du gouvernement. Ainsi donc, l'opposant à ce dernier se trouvera "censuré" par conséquent et aura son audience fortement baissée. Le gouvernement est donc content, tout comme les Barras qui en "remerciement" continueront à faire ce qu'ils veulent. Il n'y a pas longtemps deux Barras de Lanus ont trouvé la mort lors d'un affrontement, le gouvernement en place n'a pas bronché, caractérisant ceci de presque "banale" et demandant aux médias de pas trop en parler. Voilà pourquoi les Barras Bravas ont aussi ici énormément de pouvoir.

FB-JCB.

Vous voici à présent incollable sur ce phénomène typique d'Argentine et d'Amérique du Sud. Si vous avez aimé n'hésitez pas à laisser un commentaire, si vous n'avez pas aimer non plus d'ailleurs laissez un commentaire 😛

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Merci encore pour avoir lu l'article !

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