Il avait mené le coup d'État militaire du 24 mars 1976 en tant que chef de l'armée. Avec ses collègues de la Junte militaire Emilio Massera et Orlando Agossi, ils avaient renversé le gouvernement d'Isabel Perón afin de mettre en marche le Processus de Réorganisation Nationale, une dictature maintenue jusqu'en 1983 et au cours de laquelle ont été commis de nombreuses atrocités.
Accusé de crime contre l'humanité et de terrorisme d'État pour avoir fait séquestrer, torturer et disparaitre des milliers d'opposants politiques, Jorge Rafael Videla avait été condamné au cours de multiples procès. Privé de liberté depuis 2008, l'ancien Président avait d'abord été assigné à résidence puis placé en détention préventive avant d'être définitivement condamné en 2010, reconnu notamment coupable dans l'affaire des vols de bébés des disparus sous le régime militaire.
Détenu dans le pénitencier de Marcos Paz près de Buenos Aires, l'ex-dictateur âgé de 87 ans semble avoir succombé à une mort naturelle, bien que l'autopsie publiée dans le journal Perfil révèle qu'il « souffrait de fractures diverses n'ayant pas été suffisamment prises en compte par l'équipe médicale. » Il venait de comparaître au procès du Plan Condor au cours duquel il avait refusé de s'exprimer, se considérant lui-même comme « un prisonnier politique, victime du régime d'inspiration marxiste que tente d'imposer l'actuelle Présidente Cristina Kirchner ». Le jugement, concernant 25 autres inculpés, dont le dictateur Reynaldo Bignone, vise à mettre en lumière l'implication des différents dictateurs d'Amérique Latine dans le vaste réseau de répression des opposants mis en place dans les années 70 et 80 et en partie financé par les États-Unis.
L'annonce de la mort de Videla, le 17 mai dernier, a relancé le débat dans l'opinion publique. Certains de ses proches ont tenu à exprimer leurs condoléances dans la version en ligne du journal la Nación. Le corps du défunt doit maintenant être restitué aux membres de sa famille. Il pourrait être enterré à Mercedes, ville natale de l'ancien Président. Les habitants de la commune s'opposent au projet. Ils ont affiché à l'entrée du cimetière des hommages aux disparus de la dictature. Selon les organisations des Droits de l'Homme, la junte militaire serait responsable de la disparition de 30 000 personnes. Certains corps n'ont depuis jamais été retrouvés. Ils étaient jetés depuis des avions dans le Rio de la Plata, le fleuve qui sépare l'Argentine de l'Uruguay.