L'Ara chloroptère ou à ailes vertes (Ara chloroptera) est un grand rapace à longue queue mesurant jusqu'à 95 centimètres de longueur. Il est principalement rouge, ses couvertures alaires sont vertes et ses rémiges et certaines de ses rectrices sont bleues. Il est présent de façon fragmentée du sud du Mexique au Brésil (Mato Grosso do Sul et Paraná) et au Paraguay. L'espèce nichait également autrefois en Argentine (dans les provinces de Corrientes, de Formosa, de Chaco, de Santa Fe, de Misiones et d'Entre Rios) dans les paysages de savanes, d'îlots boisés et de forêts-galeries, mais les derniers oiseaux sauvages ont probablement été observés en 1917 dans la province de Formosa (Chebez 2008). La destruction de son habitat, la chasse, les captures et les conflits armés sont à l'origine de sa disparition.
Mais l'espèce est actuellement en cours de réintroduction dans la réserve naturelle provinciale del Iberá, une zone protégée de marais, d'étangs, de savanes et de forêts de 1 300 000 hectares située dans la province de Corrientes, dans le nord-est de l'Argentine. Les Esteros del Iberá, qui s'étendent sur 15 000 à 25 000 km², forment la deuxième plus vaste zone humide d'Amérique du Sud, après le Pantanal (lire Observer les oiseaux dans le Pantanal brésilien), et la création d'un parc national est envisagée.
Situation des Esteros del Iberá (Argentine).
Carte : Ornithomedia.com
L'Ara chloroptère y nichait autrefois, et le but du projet est d'y établir à nouveau une population viable : des oiseaux issus de différents zoos et de centres d'élevage du pays ont été placés dans une volière d'acclimatation dans le “Complejo Ecológico Aguará” où ils découvrent leur futur habitat et subissent des contrôles sanitaires. Avant d'être relâchés, les oiseaux sont équipés d'émetteurs radio afin de connaître leurs déplacements et de vérifier leur adaptation à l'environnement et leur survie à long terme. Plusieurs raisons justifient ce projet : les aras jouent un rôle clé dans le fonctionnement et la régénération des îlots forestiers grâce à la dissémination des graines des arbre, ils constituent une attraction touristique pouvant favoriser l'écotourisme et ils jouent un rôle dans la culture de la province de Corrientes, leur présence passée étant évoquée dans des récits et des représentations artistiques.
Ce programme de réintroduction est financé par le Conservation Land Trust et il est soutenu par des scientifiques du CONICET. La Direction des Ressources naturelles de la province de Corrientes ont fourni les installations de l'écocentre d'Aguará, la Direction des Parcs et Réserves d'Argentine supervise la réintroduction sur le terrain, les associations Aves Argentinas et World Parrot Trust apportent leurs compétences et leur expérience dans les processus de conservation des espèces en voie de disparition, et de nombreux volontaires font la promotion du projet et transmettent leurs observations.
Les Esteros del Iberá possèdent une faune riche incluant les Cerfs des marais (Blastocerus dichotomus) et des pampas (Ozotoceros bezoarticus), le Capybara (Hydrochoerus hydrochaeris), le Loup à crinière (Chrysocyon brachyurus), les Caïmans à museau large (Caiman latirostris) et noir (Caiman yacare), l'Anaconda jaune (Eunectes notaeus), la Loutre à longue queue (Lontra longicaudis), le Carouge safran (Xanthopsar flavus), le Pépoaza dominicain (Heteroxolmis dominicana), le Commandeur huppé (Gubernatrix cristata), le Moucherolle à queue large (Alectrurus risora), la Buse couronnée (Harpyhaliaetus coronatus) et le Jabiru d'Amérique (Jabiru mycteria) (importante population). D'autres projets de réintroduction d'espèces disparues dans les Esteros del Iberá sont évoqués, comme ceux du Tamanoir (Myrmecophaga tridactyla) et du Jaguar (Panthera onca).
Open all references in tabs: [1 - 5]