Le pape François a entamé vendredi au Paraguay l’ultime étape de son périple en Amérique du sud, en rendant hommage aux femmes paraguayennes et en appelant une nouvelle fois à lutter contre les inégalités.
«Je veux reconnaître avec émotion et admiration le rôle joué par la femme paraguayenne pendant ces moments dramatiques de l’Histoire», a-t-il déclaré faisant référence à la guerre de la Triple alliance (1865-1870), quand les armées du Brésil, d’Argentine et d’Uruguay avaient pratiquement décimé la population masculine.
«Sur leurs épaules de mères, de femmes et de veuves, a-t-il fait remarquer, elles ont porté un lourd fardeau, elles ont réussi à s’en sortir et le pays avec elles, insufflant un sentiment d’espoir aux générations futures».
C’est la deuxième visite d’un pape à Asuncion après celle de Jean Paul II en 1988. L’année suivante, la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989) poussait son dernier soupir, laissant la voie à un processus démocratique.
François a salué la démocratisation «solide et stable» et sommé les dirigeants paraguayens de réduire les inégalités et de prendre en compte les besoins des «pauvres et les nécessiteux».
«Un développement économique qui ne prend pas en compte les plus faibles et malchanceux, n’est pas un véritable développement», a sermonné le pape alors que le pays affiche un des plus beaux taux de croissance de la région.
– Efforts de tous –
«Que les efforts de tous ne cessent pas tant qu’il y aura des enfants sans accès à l’éducation, des familles sans maison, des ouvriers sans travail digne, des paysans sans terres à cultiver et que tant de personnes seront obligées à émigrer vers un futur incertain».
François entretient une relation particulière avec les Paraguayens: dans sa ville de Buenos Aires dont il était l’archevêque, Jorge Bergoglio a beaucoup côtoyé la communauté paraguayenne, environ 2 millions de personnes. Fuyant la pauvreté du Paraguay, les hommes vont souvent y travailler comme maçons, et les femmes comme femmes de ménage.
Une immense ferveur s’est emparée du Paraguay, pays enclavé entre le Brésil et l’Argentine, où trois millions de fidèles brésiliens et argentins sont attendus ce week-end.
Le souverain pontife de 78 ans est arrivé à Asuncion vendredi après-midi en provenance de Santa Cruz, en Bolivie.
Il est descendu de l’avion sous la pluie avant de gagner en papamobile le centre de la capitale, saluant les dizaines de milliers de personnes massées sur le bord de la route.
Avant d’atterrir à Asuncion, François a envoyé à la présidente argentine Cristina Kirchner un message disant «son affection à ce cher pays» alors que son Airbus survolait le nord de l’Argentine.
Le pape n’est pas retourné dans son pays depuis son élection en mars 2013. Il pourrait s’y rendre en visite officielle en 2016.
«Il n’est pas difficile de se sentir bien sur cette terre si accueillante, a-t-il dit. Le Paraguay est connu comme le coeur de l’Amérique, et pas seulement pour sa position géographique, mais du fait de la chaleur et de l’hospitalité de ses gens».
Un prélat chef d’Etat, cela n’existe pas qu’au Vatican. Le poids de l’Eglise est tel au Paraguay qu’un évêque a été élu président: Fernando Lugo (2008-2012), finalement destitué par un coup de force parlementaire à un an de la fin de son mandat.
Vendredi matin en Bolivie, le pape avait visité la prison de Palmasola, la plus peuplée et violente du pays, où il a défendu la «réinsertion dans la société», confiant aux prisonniers qu’ils avaient devant eux «un homme à qui on a pardonné», «un homme qui a été sauvé de ses nombreux péchés».
Pour son neuvième voyage à l’étranger, il aura visité d’ici dimanche trois pays à forte majorité catholique – l’Amérique latine héberge la majorité des 1,2 milliard de catholiques de la planète -, marqués par une longue histoire de pauvreté et d’inégalités touchant en premier lieu les populations indigènes.
Au Paraguay, un des pays les plus pauvres d’Amérique du sud, le pape argentin poursuivait samedi sa visite en se rendant au sanctuaire de la Vierge de Caacupé, adorée par les Paraguayens.
Dimanche, il visitera un quartier pauvre d’Asuncion avant de dire une messe devant plus d’un million de fidèles, et de quitter dans l’après-midi le Paraguay pour rentrer au Vatican. Il reviendra en septembre en Amérique latine, cette fois à Cuba.