La réalisatrice argentine Lucia Puenzo adapte son propre roman «Wakolda» pour le grand écran.
Patagonie, 1960. Un médecin allemand rencontre une famille argentine sur la longue route qui mène à Bariloche où Eva, Enzo et leurs trois enfants s’apprêtent à ouvrir un hôtel au bord du lac Nahuel Huapi. Cette famille modèle ranime son obsession pour la pureté et la perfection, en particulier Lilith, une fillette de 12 ans trop petite pour son âge. Sans connaître sa véritable identité, ils l’acceptent comme leur premier client. Ils sont peu à peu séduits par le charisme de cet homme, l’élégance de ses manières, son savoir et son argent, jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’ils vivent avec l’un des plus grands criminels de tous les temps.
Expérimentations et chlorophorme
A l’origine du roman et du film, une incroyable histoire, celle de la fuite et de l’exil en Amérique du Sud de Josef Mengele. Surnommé l’ange de la mort, ce médecin nazi qui a pratiqué l’eugénisme dans le camp de concentration d’Auschwitz durant la Seconde guerre mondiale a vécu pendant 35 ans en Argentine, au Paraguay et au Brésil. Dans «Le Médecin de famille», Lucia Puenzo décrit avec précision le quotidien de la communauté de San Carlos de Bariloche où Josef Mengele a longtemps vécu dans la clandestinité, se fondant au sein d’une population déjà en partie germanophone - pour la petite et la grande Histoire, il fréquentait alors un certain Erich Priebke, l’officier SS récemment décédé en Italie… La thèse poursuivie par la réalisatrice de «XXY» est passionnante : loin de s’arrêter à ses sombres expérimentales dans les camps de la mort, Josef Mengele aurait poursuivi ses travaux génétiques en Amérique Latine, prenant pour cobayes les enfants des locaux. Dommage qu’elle chlorophorme son récit par une volonté – compréhensive – de ne jamais provoquer d’empathie pour le «monstre», même s’il ait regardé à travers les yeux d’un enfant. Et quand le film s’emballe, on reste extérieur au suspense, surtout si l’on connaît la suite et la fin de l’histoire.
La bande-annonce