Plus de 1,6 million de dollars (1,2 million d'euros). C'est la somme dont va s'acquitter le groupe de mode américain Ralph Lauren pour mettre un terme à une enquête pénale et civile sur des soupçons de pots-de-vin visant l'une de ses filiales en Argentine. Il est accusé d'avoir corrompu des responsables argentins pour faciliter l'entrée de ses marchandises dans le pays sud-américain. Comme le précise le New York Times, plusieurs officiels auraient reçu des cadeaux de la marque comme des parfums, vêtements ou sacs, dont certains modèles sont vendus près de 16 500 euros.
Les autorités américaines ont accepté de ne pas engager de poursuites contre le groupe de mode, a déclaré, lundi 22 avril, le ministère de la justice américain. La société a en effet bénéficié de la clémence des autorités car elle a coopéré à l'enquête et mis en œuvre des formations anti-corruption pour ses salariés, ainsi que d'autres mesures destinées à prévenir ce type de comportement. La société paiera toutefois 882 000 dollars d'amende au ministère de la justice et versera plus de 730 000 dollars à la Securities and Exchange Commission (SEC) au titre des profits illicites, intérêts inclus, ont précisé les deux administrations.
AGENTS SOUDOYÉS
Mais cette affaire est loin d'être close. Mardi 23 avril, l'autorité fiscale argentine (AFIP) souhaite obtenir l'identité des agents soudoyés par le groupe de mode. Dans un courrier adressé à l'ambassadrice des Etats-Unis à Buenos Aires, Vilma Martinez, le chef de l'AFIP, Ricardo Echegaray, demande aux autorités américaines "les noms des opérateurs et douaniers et les éléments que la SEC a eu entre ses mains pour établir que Ralph Lauren avait versé des pots-de-vin".
Selon l'AFIP, les agents "achetés" par la marque américaine entre 2005 et 2009 n'étaient pas des fonctionnaires des douanes mais des agents privés habituellement employés par les entreprises pour effectuer les formalités douanières au nom de l'importateur. Faute de pouvoir identifier les personnes corrompues, l'AFIP a porté plainte et a suspendu tous les agents habituellement employés par Ralph Lauren pour les opérations de dédouanement. Elle a par ailleurs suspendu les activités commerciales de la société dans le pays. Une mesure peut contraignante toutefois : l'entreprise américaine a fermé en 2012 ses trois magasins en Argentine.