Le début d’une re-ménémisation de la Cour Suprême argentine

Du temps du président Menem, le président gérait la Cour Suprême à sa main et avait porté le nombre de membres de 5 à 9 pour s'y garantir une majorité de complaisance.

Nestor Kirchner s'était débarrassé de la camarilla ménémiste en poussant à la démission plusieurs de ses membres menacés de poursuite pour prévarication et autres délits et était revenu à 5 membres (nommés à vie, comme pour la Cour Suprême américaine).

Pour pouvoir nommer de nouveaux juges, il faut en principe que la présidence fasse avaliser ses candidats par une majorité sénatoriale des deux tiers. Compte tenu des fractures internes du parti péroniste et du blocage systématique de l'opposition, CFK n'avait pu nommer de nouveaux juges. Le président de la Cour qui faisait déjà fort complaisamment le jeu de l'opposition depuis un certain temps avait même pris soin il y a quelques mois de faire renouveler par anticipation son mandat par ses pairs (au cas où le gouvernement parvienne avant la fin du mandat de CFK à installer de nouveaux juges qui le mettent en minorité).

Le nouveau président Macri ne s'est pas embarrassé de scrupules: il a profité de ce que la session parlementaire est close pour les vacances d'été et a nommé hier de nouveaux juges par décret (que le très servile Lorenzetti s'est empressé d'accueillir à bras ouverts bien que l'un d'entre eux, Carlos Rosenkranz, n'ait rien d'un spécialiste du Droit constitutionnel: c'est un avocat d'affaires connu pour ses liens avec le Groupe Clarin et d'autres éminents représentants du pouvoir économique)

En l'espèce, il s'agit d'une interprétation abusive de la loi (qui prévoit en cas d'urgence la possibilité de nommer des juges manquants par décret présidentiel en cas d'impossibilité d'appliquer la procédure normale).

Ce coup de force juridico-institutionnel a soulevé les protestations de l'opposition kirchnériste (qui n'attendait qu'une occasion de reprendre du poil de la bête et qui appelle à manifester contre ces nominations) mais aussi dans les autres secteurs: le 3ème homme de la présidentielle S. Massa a critiqué fermement cette mesure ainsi la candidate anti-corruption M. Stolbizer qui l'a qualifiée d'anti-constitutionnelle.

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