Le Dakar et ASO tracent toujours plus leur route en Amérique du Sud

L'édition 2015 du rallye-raid débute ce dimanche à Buenos Aires.
Il a pris une nouvelle dimension depuis son implantation en Amérique du Sud en 2009.

Quelque 9.000 kilomètres à parcourir en deux semaines en Argentine, au Chili et en Bolivie pour les autos, les motos et quads, un peu plus de 8.000 kilomètres pour les camions ; une caravane réunissant 3.000 personnes et un millier de véhicules, dont 410 environ devant participer à la course - leur nombre exact sera connu à la veille du départ : le Dakar, dont la 36e édition débute ce dimanche à Buenos Aires, demeure plus que jamais le « plus grand et plus dur rallye au monde », alors même qu'il s'ancre toujours plus en Amérique en Sud et accroît encore sa mondialisation.

Si la version 2015 du célèbre rallye-raid, couru depuis 2009 en terre sud-américaine, donne lieu au grand retour de Peugeot après vingt-cinq ans d'absence (lire ci-dessous), elle est aussi caractérisée par la première apparition d'un pilote indien, un motard sur KTM, souligne le directeur du Dakar - depuis 2004 -, Etienne Lavigne. Au registre des nouvelles nationalités représentées cette année, figure aussi le Turkménistan ! « Le Dakar, c'est aujourd'hui 56 nationalités et seulement 20 % de participants français », précise Etienne Lavigne, qui a in fine géré avec succès le départ forcé du Dakar du continent africain pour cause de menace de la branche d'Al-Qaida au Maghreb. Ce transfert transatlantique lui a en effet donné un nouvel élan. « La pièce est tombée du bon côté sans qu'on l'anticipe », reconnaît son directeur, et d'ajouter : « A la fin des années 2000, le Dakar n'était déjà plus franco-français mais son basculement d'un continent à l'autre s'est aussi accompagné d'un basculement de son modèle économique. Son économie a évolué, s'est diversifiée. »

Ainsi, l'implantation du rallye-raid en Amérique du Sud a d'emblée conduit son organisateur, Amaury Sport Organisation (ASO, groupe Amaury), à demander une contribution aux pays d'accueil - Argentine et Chili dès la première édition sud-américaine - afin d'éviter une flambée des droits d'inscription des participants, qui restent la principale source de financement du Dakar, représentant 55 % à 60 % du budget (ASO se refuse à en communiquer le montant). Les Etats contribuent globalement à hauteur de 20 % environ, le solde provenant des partenariats et des droits télévisuels (grosso modo, 10 % respectivement).

« Un outil de promotion touristique »

Sur cette édition 2015, la contribution de l'Argentine, à laquelle le parcours fait, à nouveau, la part belle avec, entre autres, la capitale en ville-hôte du départ et de l'arrivée, s'élève à 8 millions de dollars, celle du Chili, deuxième pays d'accueil en termes de kilométrage, étant de 4 millions, précise le directeur des relations extérieures du Dakar, Grégory Murac, en charge des négociations avec les Etats (la Bolivie tient à la confidentialité du montant de sa participation).

Cet engagement public n'est toutefois pas sans de belles contreparties. « Le Dakar est un outil de promotion touristique », soulignent ses responsables. Sa couverture médiatique est, il est vrai planétaire, avec 70 diffuseurs l'an dernier dans 190 pays, soit 1.200 heures de retransmission au total, l'équivalent publicitaire de 420 millions de dollars ! De même, l'impact économique de son édition 2014 a été chiffré à 150 millions de dollars pour l'Argentine, à 62,3 millions pour la Bolivie, et à 40 millions pour le Chili.

A l'heure où une large part de l'Afrique du Nord et/ou sahélienne lui demeure plus que jamais inaccessible, le Dakar va même conforter son ancrage sud-américain. Au-delà de ses premiers pays d'accueil, où l'engouement a été immédiat, des opportunités de développement au Brésil, en Colombie ou au Paraguay font ainsi l'objet de réflexions de la part d'ASO.

L'organisateur français concentre d'autant plus son énergie sur la zone qu'il a de surcroît commencé à y décliner son label « Dakar Series », des compétitions de rallye-raid qui offrent aussi des possibilités d'implantation ailleurs dans le monde. ASO, champion incontesté des courses cyclistes avec, en premier lieu, le Tour de France, « monte » également en Amérique du Sud des épreuves dédiées à la « petite reine », y compris pour le VTT avec le Roc Argentina.

Christophe Palierse, Les Echos

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