Le 8 Mars continue de banaliser l’affaire de Nabichit et d’occulter la … – L’Orient

Les milieux loyalistes continuent de banaliser l’explosion survenue durant la semaine à Nabichit, dans la Békaa, et d’occulter carrément la mort d’Abou Abbas, l’un des commandants du Hezbollah tombé durant les combats en Syrie. Ce n’est pas ces deux développements qui ont retenu l’attention des milieux du 8 Mars, lesquels ont plutôt focalisé leur attention sur deux autres faits : les félicitations de coutume au président syrien, Bachar el-Assad, à l’occasion de l’anniversaire de la guerre d’Octobre, ainsi que les critiques contre le président de la République, Michel Sleiman, au lendemain de ses propos en Argentine sur le nécessaire monopole de la violence légitime.



L’explosion de Nabichit
Comme il est désormais de coutume lorsqu’un événement sécuritaire se produit dans une région sous l’influence du Hezbollah, l’explosion de Nabichit n’a jusqu’à présent donné lieu à aucune position/explication du gouvernement Mikati, quand bien même les forces de l’ordre n’ont pu accéder au site que plusieurs heures après l’explosion, après avoir été tenues à une distance de 500 mètres du lieu par la sécurité du Hezbollah. Même la visite effectuée vingt-quatre heures plus tard par une autorité judiciaire pour inspecter les lieux a suscité une réaction négative de la part du ministre de la Défense, Fayez Ghosn. Ce dernier a en effet reproché à la justice de ne pas avoir coordonné avec lui et réclamé une autorisation préalable pour se rendre sur les lieux. Le pouvoir judiciaire aurait alors rappelé au ministre le principe de la séparation des pouvoirs, selon l’agence al-Markaziya. Le seul à rompre le silence officiel a été le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, qui a banalisé hier l’affaire, estimant, lors d’un entretien à la Voix du Liban-Dbayé, que « l’explosion, de nature technique, serait due à une hausse de température et un manque d’entretien des vieux obus présents dans l’entrepôt ».
Quant au député du bloc du Changement et de la Réforme, Fady el-Aawar, il a estimé hier qu’une explosion est « une affaire normale ». « Dans tous les pays du monde, même aux États-Unis ou en France, il y a des explosions de dépôts d’armes », a-t-il dit, estimant que l’explosion était due à de « vieilles armes israéliennes balancées sur le territoire libanais ». La même théorie a été avancée par le député Ali Khreis, pour qui « l’affaire n’a rien à voir avec les armes de la résistance ».
Du côté du 14 Mars, le député Assem Araji a déploré « l’existence d’entrepôts d’armes entre les maisons et l’incapacité de l’État à pouvoir accéder sur les lieux de l’explosion ». Il a indiqué que son camp allait présenter une question au gouvernement sur cette affaire.
Le Parti national libéral (PNL) a lui aussi déploré l’établissement d’un périmètre de sécurité par le Hezbollah autour du lieu de l’incident pour empêcher les autorités officielles de faire leur devoir. Quant au député Amine Wehbé, il a estimé que « les armes dispersées à l’intérieur du pays constituent un danger d’abord pour ceux qui les portent ». « En voilà la preuve. La solution : livrer ces armes à l’État », a-t-il noté.

La mort d’« Abou Abbas »
Le silence du 8 Mars est encore plus criant concernant la mort du commandant du Hezbollah surnommé « Abou Abbas » en Syrie. Aucune mention dans une quelconque déclaration. L’affaire continue de susciter cependant des réactions du côté du 14 Mars. Le député Ahmad Fatfat a ainsi indiqué que « le silence du Hezbollah sur cette question est une reconnaissance de sa participation aux batailles aux côtés du régime (syrien) ». « Le martyre, ce n’est pas de tuer le peuple syrien, mais de défendre son territoire. Le Hezbollah est en train d’impliquer le Liban dans une crise dangereuse », a-t-il souligné. « Y a-t-il eu une explosion réelle à Nabichit, où est-ce uniquement pour couvrir les activités du parti en Syrie ? » s’est-il interrogé.
Pour le député Fady Karam, le silence du Hezbollah sur cette affaire « prouve qu’il tente de fuir le pétrin dans lequel il s’est fourré et contre lequel nous l’avions mis en garde ». « Il s’est mis en position de confrontation avec le peuple syrien, en distillant la haine contre les révolutionnaires », a-t-il souligné. Une situation que le député Amine Wehbé a également jugée « très dangereuse » pour le Liban. « L’ensemble du peuple syrien est pour la révolution, sauf ceux qui profitent des largesses du régime. Il n’est donc pas sage que le Liban aille à l’encontre des aspirations du peuple syrien à la liberté et la démocratie », a-t-il indiqué. « Une implication du Hezbollah se répercuterait négativement sur les relations futures entre les deux peuples et dynamiterait même la relation de ce peuple avec une partie du peuple libanais », a noté M. Wehbé.
Le PNL a également dénoncé la participation du Hezbollah à la répression du peuple syrien, estimant que « les accusations qu’il a distribuées çà et là contre le 14 Mars à ce même sujet visaient en fait à couvrir son implication dans la crise syrienne ». Pour l’ancien député Moustapha Allouche, enfin, il ne fait pas de doute que « la préservation du régime syrien est l’un des objectifs du wilayat el-faqih ».
Mais la condamnation ne s’est pas cantonnée aux milieux politiques. Dans son prêche du vendredi, le mufti de Baalbeck, cheikh Khaled el-Solh, a ainsi appelé le gouvernement à « mettre fin à sa risible politique de la dissociation », tandis que le drapeau du Hezbollah a été brûlé au cours d’une manifestation de soutien au peuple syrien organisée hier à Tripoli, selon la New TV.

Félicitations à Assad...
Par contre, le 8 Mars n’a pas conservé son mutisme s’agissant des félicitations d’usage au président syrien Bachar el-Assad à l’occasion du 39e anniversaire de la guerre d’Octobre. Il en est ainsi du président de la Chambre, Nabih Berry, qui, dans un télégramme de félicitations au président Assad, a indiqué : « Votre pays traverse le test le plus difficile de son histoire. Nous sommes certains que votre expérience riche dans le domaine du refus (moumanaa) et du redressement vous permettra de dépasser la crise et de réaliser les aspirations de votre peuple, pour faire de votre pays un modèle de démocratie et de liberté, et pour le retour de la Syrie forte et immunisée dans son rôle d’avant-garde. » M. Berry a également adressé un télégramme de félicitations au président égyptien, Mohammad Morsi.
Le président Assad a également eu droit aux félicitations du député baassiste Assem Kanso, du Rassemblement des partis dits « nationaux » (prorégime syrien) et du secrétaire général du Parti arabe démocratique, Ali Eid. Les trois télégrammes évoquent le « complot planétaire » contre le régime syrien et son « futur échec ».

... et critiques contre Sleiman
Les propos du président Sleiman en Argentine, qui avait appelé à « ôter les armes non officielles, du Hezbollah au courant salafiste », n’ont pas laissé indifférents certains au sein du 8 Mars, même si ce ne sont que des seconds couteaux. Le député Fady el-Aawar a ainsi estimé, en réponse au président, que « les armes de la résistance doivent être consacrées comme... les premières armes officielles du pays » et qu’il faut « les préserver », tandis que « les armes des milices dans les rues du Nord et de Beyrouth doivent être amassées ». Même position du député Ali Khreis, qui a appelé le chef de l’État à opérer la distinction entre les « armes de la résistance » et les « armes du chaos ».

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