Eduardo Berti est un auteur argentin. Né à Buenos Aires en 1964, il arrive au début des années 2000 en France, où il pose ses valises à Bordeaux avec son épouse. Ancien journaliste dans son pays natal, Eduardo vit aujourd’hui de sa plume d’écrivain. « J’ai écrit plusieurs romans et nouvelles en espagnol. C’est vraiment ma langue, celle où sonnent les mots. C’est très difficile de décrire mon travail mais par exemple, mon roman le plus réaliste est celui qui parle de mon enfance pendant la dictature en Argentine. Mon dernier livre est totalement différent, c’est une histoire d’amour qui se passe dans une Chine assez imaginaire. Ça parle de sentiments très universels », confie l’auteur, qui donnera le 9 décembre une lecture de ses textes composés en résidence au CHU de Rouen, organisée dans le cadre du festival Terres de paroles. « J’ai été invité il y a un an demi par les organisateurs pour une lecture. Et à la fin, ils m’ont parlé de cette résidence à l’hôpital de Rouen. »
Témoin privilégié
Pendant plusieurs semaines au printemps, Eduardo Berti s’immerge des journées, et parfois des nuits entières, en unité d’oncologie, mais surtout dans le service de médecine palliative. « Je ne savais pas du tout ce que j’allais écrire, mais je sentais que le défi était intéressant. Deux-trois jours avant le début de la résidence, je suis allé à la rencontre des responsables du service, pour sentir les choses, pour prendre la température. » Pendant ces semaines, il sera le témoin discret de cette unité de soins. « Ma perspective était de rencontrer les personnes qui travaillent, pas les patients ou leurs familles. Je ne voulais pas les gêner. J’ai beaucoup échangé avec les infirmières, parfois dans une discussion individuelle, d’autres fois en groupe. Parfois, je me mettais simplement dans l’ombre, et je les observais, pour ne pas les déranger, et m’imprégner », témoigne l’auteur, qui a noirci de nombreux cahiers de notes, afin d’en extraire plusieurs récits, mêlant fiction et réalité. « Beaucoup de choses se jouent dans ces lieux, avec des moments capitaux, qui nous touchent tous. C’était fascinant de travailler sur la condition humaine, sur les rapports entre les gens, la vie et la mort. Cette expérience a aussi eu un écho très personnel, où j’ai été confronté à ces situations avec mes parents, en Argentine. C’était une manière pour moi de rendre hommage au personnel médical, avec tout ce que j’avais vécu cette fois, de l’autre côté du miroir », confie l’auteur, marqué par la forte solidarité entre l’équipe médicale, et les mécanismes que chacun use pour se libérer de sa journée, avant de rentrer chez soi. « Ce n’est pas facile de tourner la page le soir. Dans cette unité, toutes les émotions existantes sont présentes, il y a une forte intensité émotionnelle. Mais je voulais éviter le mélodrame, et partager aussi les moments de détente, et de tendresse. »
Ces histoires nées lors de la résidence, Eduardo Berti les a composées en français. « C’était le double de travail pour moi d’écrire en français. Il y a moins d’artifices stylistiques, mais la langue est plus économique, plus simple, et tout cela va plus directement à l’essentiel, à l’émotion. » Ces histoires reprendront vie lors d’une lecture à double voix, aux côtés de la comédienne Valérie Diome, le 9 décembre.
Pauline Tylinski
p.tylinski@presse-normande.com
Lecture d’Eduardo Berti et Valérie Diome dans le cadre du festival Terres de paroles, mercredi 9 décembre à 20 h, Le Rexy, 33, rue Aroux, Mont-Saint-Aignan.
Entrée libre sur réservation, en écrivant à alexandra.ferreri@art276.com ou au 02 32 10 87 01.
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