L’Argentine veut rembourser sa dette

Depuis sa mise en faillite, il y a treize ans, l'Argentine a stoppé le versement des intérêts de sa dette à ses créanciers membres du Club de Paris, essentiellement le Japon et l'Allemagne. L'offre argentine sera donc examinée avec attention. Ce Club, qui réunit des États, est par nature favorable à des solutions à l'amiable, mais pas question de brader sa crédibilité. C'est pourquoi il y a peu de chances qu'il accepte un paiement en obligation publique argentine comme l'aurait proposé Axel Kicillof, le jeune ministre argentin de l'Économie.

Mais d'autres arrangements sont à l'étude, et les deux parties sont sorties satisfaites de cette réunion et l'ont fait savoir et c'est peut-être l'élément le plus important. Côté argentin, la communication abondante et positive sur cette réunion, qualifiée d'informelle par le Club de Paris, tranche avec la discrétion traditionnelle du Club.

L'Argentine cherche à rétablir son image toujours entachée par le défaut de 2001

C’est urgent, car l'Argentine a besoin de regagner la confiance des marchés pour se financer. 13 ans sans emprunter à l'extérieur c'est possible, grâce à des exportations robustes. Mais cela devient de plus en plus difficile. Sa réserve en dollars s'est effondrée, passant en trois ans de 52 à 30 milliards de dollars pendant que l'inflation incontrôlée mine le peso. Le contrôle des changes imposé depuis 2011 n'a fait que rendre le billet vert encore plus rare, et plus cher.

Pour retourner sur les marchés, il faut régler les litiges en suspens. Rembourser par exemple les dettes contractées avec des entreprises privées, c'est en cours, ou négocier avec le club de Paris. Mais le plus gros reste à faire: renouer avec les institutions financières internationales. Le Club de Paris a, dans le passé, refusé un accord avec l'Argentine parce que ses relations avec le FMI n'étaient pas normalisées. La principale exigence du Fonds : que l'État fournisse des statistiques fiables à partir de 2014, et non des chiffres fantaisistes comme c'était encore le cas en 2013 quand les autorités argentines minimisent l'inflation à 11 % alors que les instituts privés l'évaluent à 28 %.

L'Argentine attend, par ailleurs, l'avis de la Cour suprême des États-Unis sur la plainte des fonds vautours

Cet avis, c'est un peu le quitte ou double dans la saga de la dette argentine. En 2005, l'Argentine a voulu restructurer sa dette, 92 % de ses créanciers ont accepté un effacement partiel. Mais des fonds américains qui avaient acheté des obligations argentines à un prix bradé à cause du défaut de 2001 exigent depuis plusieurs années devant la justice américaine le remboursement à taux plein.

La justice américaine leur a donné raison plusieurs fois, le dernier espoir pour l'Argentine repose dans la Cour suprême qui a fini par accepter d'étudier la question. Si elle donne raison au Fonds, tout l'édifice de la restructuration s'effondre, tous les créanciers seront en droit de réclamer leur dû et c'est un nouveau défaut de paiement en perspective pour l'Argentine.


 

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