Le paiement porte sur des obligations locales. Le pays espère que ces fonds seront réinvestis.
C’est une étape importante pour les créanciers de l’Argentine. Le pays devait rembourser lundi soir 5,9 milliards de dollars de « Boden 2015 », des obligations libellées en devise américaine émises en 2005. Ces titres, qui arrivaient à maturité le 5 octobre, sont soumis non pas au droit new-yorkais, comme l’étaient les obligations internationales argentines, mais au droit local. Une particularité qui, au jour de leur émission, avait pu les faire juger peu sûres par certains investisseurs. Ils craignaient notamment que le gouvernement change la règle du jeu en cours de vie des obligations, en imposant par exemple un remboursement en peso argentin plutôt qu’en dollar. Mais le gouvernement argentin a tenu ses engagements. Surtout, du fait qu’il s’agit de titres locaux, les fonds vautours qui sont en contentieux avec le pays n’avaient a priori pas réussi – sauf surprise de dernière minute, à faire interdire le paiement des créanciers comme ils l’ont fait pour le remboursement de la dette internationale du pays.
Aucune restriction
Si l’Argentine se félicite de pouvoir effectuer ce paiement en temps et en heure, l’opération va cependant se révéler douloureuse pour ses réserves de change. Le montant à rembourser représente en effet 18 % des 32,5 millions de dollars de devises détenues par le pays. Et, à cause de l’embargo financier de fait imposé par la justice américaine à la demande des fonds vautours, le pays peine à se financer en billets verts. Axel Kicillof, le ministre des Finances argentin, s’est engagé à n’imposer aucune restriction aux créanciers. Mais le gouvernement espère toutefois qu’une partie significative de ces 5,9 milliards remboursés sera conservée ou réinvestie localement. Un objectif qui ne parait pas irréalisable, d’autant que, selon les autorités argentines, plusieurs investisseurs auraient demandé à participer à une nouvelle émission obligataire. Celle-ci devrait se dérouler aujourd’hui mardi, pour un montant d’environ 500 millions de dollars.
Les titres émis, les « Bonars bonds » auront une maturité de cinq ans et devraient afficher un coupon de 8 %.