1. Comment l'Argentine en est-elle arrivée là ?
Pour comprendre ce qu'il se passe maintenant, il faut remonter à 2001. Le pays était déjà en cessation de paiement, à la suite d'un endettement massif. Quelques années plus tard, l'Argentine avait négocié avec 93 % de ses créditeurs une remise de dette à hauteur de 70 % environ.
Les 7 % restants avaient refusé cet accord. Les « fonds vautours », ou fonds spéculatifs, avaient alors racheté ces titres de dette pour une bouchée de pain. Ils réclament aujourd'hui 1.600 % de l'investissement initial. Ils ont saisi la justice, afin d'obtenir le remboursement total de leurs titres. La Cour suprême américaine leur a donné gain de cause lundi.
Jean-Jacques Kourliandsky, spécialiste de l'Argentine :
L'Argentine s'est volontairement mise en défaut de paiement. La règle dit que si le pays endetté accorde un remboursement plus intéressant à l'un de ses créditeurs, il est obligé de rembourser les autres à hauteur de celui qui a bénéficié du remboursement le plus favorable. Si l'Argentine avait payé les fonds vautours, elle aurait été dans l'incapacité absolue de rembourser ce qu'elle doit. Cela la renverrait à la case départ, à 2001.
2. Quelles sont les conséquences pour l'Argentine ?
Le pays était déjà mis à l'écart des marchés de capitaux internationaux depuis 2001. « En revanche, durant les années 2004-2011, l'Argentine pouvait se passer de toute demande de crédit extérieur. C'est moins vrai aujourd'hui car la croissance est tombée à 2 % l'année dernière, et elle pourrait être de 4 % l'année prochaine. Ce sont des chiffres qui feraient rêver en Europe mais cela représente la moitié de ce qu'elle réalisait ces dernières années. Le pays n'est plus dans l'aisance financière d'avant et cette situation ne va pas arranger les choses », explique Kourliandsky.
3. Combien de temps va-t-il falloir à l'Argentine pour résoudre son problème de dette ?
« C'est difficile à dire, mais on sait que les négociations se poursuivent. L'Argentine va chercher à gagner du temps pour éviter de rembourser la totalité des créditeurs. Il semblerait qu'un certain nombre ait déjà accepté de négocier à la baisse leurs exigences. Mais il faudra du temps », affirme Jean-Jacques Kourliandsky.