L’Argentine peut très bien vivre sans le Fonds monétaire international (FMI), estime le sénateur fédéral argentin Walter Barrionuevo, et devrait s’en retirer. Elle n’a rien à y perdre.
Membre du Front de la victoire (Frente para la Victoria) au pouvoir, Barrionuevo a remarqué qu’en prenant la décision « stratégique » en 2005 de rembourser au FMI l’ensemble des 9 milliards de dollars qu’elle lui devait, l’Argentine a rétabli son indépendance dans le domaine économique et s’est libérée des politiques et des conditionnalités « restrictives » du Fonds.
Désormais, dit-il, puisque le Fonds menace de « discipliner » l’Argentine, le pays devrait simplement le quitter, comme cela est stipulé dans l’Article 26, Section 1 de la charte du FMI.
En effet, une semaine auparavant, le FMI avait critiqué le gouvernement argentin pour avoir publié ce qu’il a appelé des statistiques d’inflation et de croissance « erronées », et a donné huit mois à Buenos Aires pour « remédier » à sa méthodologie de collecte des données ou bien se faire expulser.
En réponse à cette critique, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner a demandé le 1er février :« Où était le FMI avant la crise [mondiale], à propos de laquelle il n’a fait aucune mis en garde ? Où était-il quand ce n’était pas seulement des bulles mais des ballons financiers qui se formaient ? Pourquoi le Fonds n’a-t-il pas sanctionné ses propres directeurs ? Avons-nous entendu parler d’une quelconque sanction du FMI contre ceux qui se sont enrichis en faisant s’écrouler le système mondial ? » Non, a-t-elle répondu.
« Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est réprimander l’Argentine ! » Pourquoi ? « L’Argentine est un mauvais exemple pour le système financier mondial prédateur et ses dérivés », parce que « le pays a restructuré sa dette en tondant les spéculateurs, a fixé des échéances de paiement et n’est pas revenu vers eux pour emprunter ».
Si l’Argentine quittait effectivement le FMI, comme le propose Barrionuevo, elle ne serait absolument pas isolée, contrairement à ce qu’a déclaré sa directrice-générale Christine Lagarde. Son retrait serait « une affirmation d’indépendance » et de souveraineté. D’aucuns prétendent que si les nations ne font pas partie du FMI, elles n’ont rien à dire, a fait remarquer Barrionuevo. La réalité est tout autre. L’Argentine joue déjà un rôle clé au sein du G20 et entretient de bonnes relations avec d’autres agences multilatérales de prêt. Elle n’a pas besoin du FMI.