L‘Argentine et Messi sont en demi-finale de la Copa America. Après un match outrageusement dominé, l’Albiceleste a pourtant buté sur la muraille des Cafeteros et en particulier l’ultime rempart de cette dernière, David Ospina. Le gardien de la Colombie a durant une bonne heure et demi écœuré Lionel Messi et ses camarades. L’Argentine vit une drôle de compétition et continue de souffrir dans la finition. Capable de se créer de nombreuses occasions, solide défensivement comme ce fut le cas lors du dernier mondial, la sélection de “Tata” Martino a toutefois de gros soucis dans le dernier geste. Un problème récurrent et assez incompréhensible au vu des noms que comptent cette équipe : Messi, Agüero, Di Maria, Higuain ou encore Tevez.
Pour s’en sortir finalement de justesse, l’Argentine pourtant dominatrice durant la majeure partie de cette rencontre a dû attendre la loterie des pénalties. Une séance de tirs au but interminable et interdite aux cardiaques qui a vu Carlitos Tevez inscrire le quatorzième et dernier tir au but; qui emmène la sélection ciel et bleu dans le dernier carré. Une qualification amplement méritée pour le dernier finaliste de la coupe du monde qui devra toutefois régler au plus vite son manque de réalisme pour les prochaines rencontres.
La Colombie, adversaire de l’Albiceleste a brillamment brouillé les cartes en proposant aux Argentins un jeu physique. Parfois assez limite et d’une extrême pauvreté offensive. Un seul tir durant toute la rencontre pour les coéquipiers de James Rodriguez, téléphoné par ailleurs. L’Argentine de son côté a tiré au but. Et c’est peu de le dire. Les camarades du Parisien Javier Pastore ont tout tenté, se montrant plutôt brillants dans le jeu, mais manquant cruellement de réalisme dans le finition. Et lorsque les attaquants de “Tata” cadraient leurs tentatives, David Ospina réalisait des prouesses dans ses cages. Le gardien des Gunners d’Arsenal a été l’auteur d’une énorme prestation. Difficile d’en dire autant de l’arbitrage de cette partie, assez laxiste et qui a beaucoup laissé jouer. Parfois un peu trop puisque certains contacts sur Messi, Di Maria et compagnie frôlaient souvent la correctionnelle.
Le film du match:
Privé de sa défense centrale titulaire. Le sélectionneur Colombien Pekerman invente une formation qui s’apparente à un véritable labyrinthe : à la base, il s’agirait plutôt d’un schéma tactique en 3-5-2 ou à droite, Cuadrado et Zuniga s’échangent les rôles entre couverture et apport offensif. James est un électron libre tandis qu’Ibarbo joue très large sur son couloir gauche mais plus en tant que latéral qu’ailier. Rapidement malmenée dans le jeu, la Colombie effectue assez tôt (24′) son premier changement. Gutierrez est remplacé par un ‘vrai’ milieu de terrain en la personne de Cardona.
L’Argentine de son côté se montre plutôt patiente, étudie l’adversaire et finit enfin par ´trouver’ la faille. Le côté droit de la Colombie semble être prenable et Di Maria l’a bien compris. Le Mancunien fait vaciller ses adversaires en un contre un à chacune de ses accélérations. La domination de l’Argentine est assez nette mais elle ne se traduit pas au tableau d’affichage, pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé : Rojo de la tête, Agüero et Messi (extraordinaire double parade d’Ospina), encore El Kun et Biglia de l’extérieur de la surface de réparation. À signaler également un pénalty oublié après une faute d’Arias sur Agüero et un arbitrage qui laisse passer sans jamais siffler des interventions rugbystiques et vous obtenez le résumé parfait de ce premier acte. Messi et ses compagnons ont les cartes en main mais ils ne savent pas comment les utiliser.
Dominer sans marquer ne sert à rien !
La seconde période est encore plus compliquée pour l’Argentine. L’Albiceleste perd quelque peu son intensité dans le jeu tandis que la Colombie essaye timidement de se montrer plus offensive sans véritablement faire trembler l’excellente défense adverse. Le premier essai des Cafeteros est signé Cardona. Une tentative pas franchement dangereuse mais qui a au moins le mérite de donner un peu de travail à Romero. Jackson Martinez, catastrophique dans cette partie, ne fait pas mieux avec une tête assez timide suite à un centre sur corner que le portier argentin bloque sans la moindre difficulté.
Pendant ce temps, Messi semble chercher la solution et porte presque à lui seul sa croix et celle de tout un pays. La Pulga auteur de plusieurs gestes spectaculaires ne trouve toutefois pas les mêmes espaces dont il jouit au Barça où Neymar et Suàrez lui proposent beaucoup plus de solutions. En sélection, Léo est toutes proportions gardées beaucoup moins bien entouré, nonobstant les noms qu’ils a à ses côtés avec un Agüero fantomatique et un Di Maria beaucoup trop individualiste. Le quadruple ballon d’or, pris en individuelle par les colombiens, commence à s’agacer. Martino et Pekerman décident de faire quelques changements dans l’optique éventuelle des tirs au but en incorporant respectivement Tevez et Falcao en lieu et place d’Agüero et Martinez (la prolongation n’étant jouée en Copa America qu’en finale. En quarts et en demi, en cas d’égalité après les 90 minutes, on procéde directement à la séance de tirs au but).
Le véritable plus de ces changements est pourtant un joueur inattendu, un homme de devoir. Banega remplace un décevant Pastore et se révèle être un vrai joker de luxe. Ce dernier apporte rapidement un plus à sa formation. L’Argentine avec l’entrée de son milieu de terrain intensifie son pressing dans l’espoir de faire la décision et de s’éviter la loterie des onze mètres. Malheureusement la poisse semble ne plus quitter l’Albiceleste qui par deux fois touche du bois : une première fois, c’est d’abord la transversale après une tête de Banega qui fruste les Argentins. La seconde fois, c’est le poteau qui empêche Otamendi d’exulter (ballon dévié une fois encore par Ospina) et sur lequel Zuniga sauve miraculeusement sur sa ligne. Dans les dernières minutes de cette partie, Murillo sauve lui aussi sur sa ligne un lob maladroit de Zapata sur son propre gardien. L’Argentine après une série interminable de tirs au but voit Murillo rater sa tentative avant que Tevez ne signe le sien.
L’homme du match:
David Ospina: Difficile de ne pas lui décerner le prix de “Man of the match”. Si la Colombie a pu s’offrir la fatidique séance de tirs au but, elle le doit en très grande partie à son ultime rempart. Le portier d’Arsenal s’est révélé être une véritable muraille humaine. Au moins quatre parades décisives. Seul bémol, aucune incidence sur la séance de tirs au but, ce qui n’enlève toutefois rien à son brillantissime rendement.
Le pire:
Sergio Agüero: Transparent, inoffensif, maladroit. L’attaquant de Citizens a été le symbole du manque de réalisme argentin. Mais contrairement à Di Maria et Messi, El Kun n’a rien tenté, rien proposé et s’est fait logiquement remplacer par Tevez lors des dernières vingt minutes.
La déclaration:
Lionel Andrès Messi (Capitaine Argentine): “On a dominé la partie malheureusement sans jamais réussir à trouver la faille. Les pénalties, c’est souvent de la chance et on est contents que ça nous ait sourit cette fois. Je dédie cette qualification à mon ami Neymar qui n’est plus là à cause de la Colombie. J’espère qu’on sera plus efficace la prochaine fois mais ce soir, on est ravi de s’en être sortis contre une équipe qui a crânement défendu ses chances”.
Paolo Hamidouche’ (@Paolino_84)