L’Argentine est brouillée avec les statistiques

Un panneau indiquant les prix dans un restaurant, le 17 janvier à Buenos Aires. Selon des sources indépendantes, l'inflation a été de 25,6 % en 2012, plus du double du chiffre officiel. AP Photo/Natacha Pisarenko

Les Argentins ont ras le bol de la manipulation des chiffres par le gouvernement péroniste de Cristina Kirchner. Jeudi 17 janvier, des hackers du groupe Anonymous ont mis hors service la page Web de l'Institut national de statistiques et recensement (INDEC). Ils protestaient contre la falsification du coût de la vie.

Selon l'INDEC, l'inflation a été de 10,8 % en 2012. Des sources indépendantes s'accordent  sur 25,6 %, plus du double.

La hausse des prix est facile à constater pour les Argentins, il leur suffit de faire leur marché.

D'ailleurs, les syndicalistes alignés sur le gouvernement Kirchner eux-mêmes réclament des augmentations de salaire de plus de 25 %, juste pour rattraper le pouvoir d'achat rogné par l'inflation.

Freddy Lopez vend du café à Buenos Aires, le 17 janvier. Un verre coûte 5 peso. Selon les statistiques officielles, il suffit de 6 pesos pour manger par jour en Argentine. (AP Photo/Natacha Pisarenko)

Seuls deux pays d'Amérique latine ont perdu le contrôle de l'inflation : l'Argentine et le Venezuela. Les chiffres de l'INDEC ne sont plus pris en compte par l'hebdomadaire britannique The Economist, qui ne les juge pas crédibles.

La cotisation officielle du dollar, fixée à 4,96 pesos argentins, relève aussi de la fiction. A Buenos Aires, sur le marché noir, le "dollar blue", a atteint 7,51 pesos.

Les seuls chiffres que personne ne conteste en Argentine sont ceux de la progression du patrimoine des Kirchner. En 2003, année de l'investiture présidentielle de Nestor Kirchner, leur fortune était de 7,4 millions de dollars. En 2010, son épouse Cristina Kirchner avait multiplié par dix ce patrimoine : il était de 70,5 millions de dollars.

Ces chiffres proviennent de la déclaration patrimoniale faite chaque année par le chef de l'Etat. L'enrichissement personnel des Kirchner n'est donc pas une invention des médias ou de l'opposition, il est un fait, de l'aveu des intéressés eux-mêmes. Il n'inclut pas les biens d'autres membres de la famille ou des proches, qu'ils soient ou non au gouvernement, associés d'une façon ou d'une autre aux affaires des Kirchner.

Pendant les années de plomb, les Kirchner, avocats d'affaires, ont amassé une fortune en Patagonie, où la spéculation sur la propriété de la terre et sur l'immobilier fleurissait, et continue d'ailleurs. Le patrimoine initial n'a cessé d'augmenter depuis leur accès au pouvoir, d'abord provincial puis national. Dans beaucoup de pays, on dirait qu'il y a conflit d'intérêts. D'autres emploieraient un mot plus fort : corruption.

Ce qui est sûr, c'est que les explications des Kirchner sur leur enrichissement ne sont guère convaincantes. A moins d'estimer que l'éthique publique est une cause perdue.



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