L’Argentine entre douleur et loufoquerie

Dans le centre de Buenos Aires.

« Et pourtant, elles tournent? » C'est à peu près ce que me dit le chauffeur de taxi alors que nous approchons de la place de Mai. En Argentine, la dictature a beau être terminée depuis 1983, les célèbres mères de la Plaza de Mayo, elles, tournent toujours?

Avec leur fichu blanc qui symbolisait, à l'époque, les langes de leurs enfants disparus, elles se rassemblent encore, tous les jeudis, devant la Casa Rosada, le siège du gouvernement, et elles tournent en rond dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Pour remonter symboliquement le temps. Pour demander enfin vérité et justice pour les quelque 30 000 disparus ? les desaparecidos ? victimes de la junte militaire, de 1976 à 1983.

« Oui, la démocratie est là, mais encore si jeune? », note le secrétaire à la culture argentin, Jorge Coscia. « Vous seriez surprise par la manière dont la dictature pèse encore sur la vie de tous les jours », renchérit une jeune traductrice, Eugenia Pérez Alzueta. Elle me donne une coupure du quotidien La Nacion, où l'on apprend que « la nieta 110 » ? la petite fille disparue portant ce numéro ? vient d'être retrouvée. Les tests ADN sont formels. Il s'agit bien de la fille de Liliana Acuna et d'Oscar Guttierrez, enlevés le 26 août 1976 alors que Liliana était enceinte de 5 mois.

Chaque jour ou presque, la dictature se rappelle au souvenir des Argentins. En janvier, la mort du grand poète Juan Gelman ? auquel le Salon du livre a prévu de rendre hommage ? a rouvert les mêmes plaies. Gelma...

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