L’Argentine en demi-finale, tout sauf une surprise

Si l’équipe d’Argentine est toujours composée, en partie, de joueurs amateurs, sa présence dans le dernier carré de la Coupe du Monde est moins une surprise qu’en 2007. Il y a huit ans, les Sud-Américains s’étaient réellement révélés aux yeux du monde en ne tombant qu’en demi-finale face à l’Afrique du Sud, future championne. Ils avaient même acquis la troisième place aux dépens de la France, déjà battue en poule, chez elle. Ce parcours a beaucoup changé la vision de ce sport dans un pays où le football est roi. Pour Juan Martin Fernandez Lobbe, « il y a eu une révolution dans le rugby argentin. Maintenant, nous devons défendre tout ce que nous avons accompli. »

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Pour stabiliser sa présence dans le gratin mondial, la Fédération argentine a eu la volonté d’intégrer une compétition internationale pour que sa sélection dispute des rencontres de haut niveau tout au long de l’année. Une demande a été faite auprès du 6 Nations, alors que les principaux joueurs des Pumas évoluent en Europe. Mais un refus a été essuyé en 2011. En revanche, les Argentins ont été intégrés dans le Tri-Nations en 2012, après leur quart de finale de 2011 face aux Blacks, eux aussi titrés par la suite.

Pablo Bouza, entraîneur de la défense des coéquipiers de Juan Martin Hernandez, ne le regrette clairement pas. « Je ne pense pas que nous aurions fait autant de progrès si nous avions rejoint les 6 Nations, en particulier dans le style de jeu que nous développons », n’a pas hésité à dire l’ancien deuxième ligne. Il regrette le style de jeu dans l’hémisphère nord : « En Europe, le jeu est lent, il est difficile de mettre de la vitesse. » La vitesse, le nouveau crédo des Argentins, auparavant redoutables dans le combat d’avants.

Du jeu de mouvement inspiré des Blacks

Ce virage a été opéré avec le sélectionneur d’alors, Santiago Phelan. Signe de cette volonté, la sélection argentine s’est attachée en 2011 les services de Graham Henry, ancien sélectionneur des All Blacks, en tant que conseiller. A son arrivée à la tête des Pumas en octobre 2013, Daniel Hourcade a logiquement dit vouloir « jouer un rugby ouvert ». A l’instar du jeu produit en football par l’Argentine. « Nous sommes des latins, on aime avec constamment le sourire, ça se voit désormais dans notre rugby », avait-il déclaré.

Dans le désormais Four Nations, les Argentins n’ont remporté que deux victoires en 21 rencontres. Lors de la dernière journée en 2014, ils ont battu l’Australie (21-17). En 2015, c’est en déplacement en Afrique du Sud que le succès a été au rendez-vous (25-37). Pablo Bouza a précisé que « si ça été difficile au début, nous avons dû apprendre, le Rugby Championship a été formidable pour nous. » Il leur a permis « d’arriver mieux préparés », comme le confiait Hourcade avant le début de la Coupe du Monde.

Pablo Bouza sait que de croiser le fer avec les meilleures nations apporte beaucoup à son groupe : « Nous affrontons depuis plusieurs années la Nouvelle-Zélande, mais nous les avons rencontrés pas moins de neuf fois depuis 2011. Les joueurs comme les entraîneurs apprennent à chaque fois. » Et il était prévu que l’effet soit visible lors de cette Coupe du Monde. « Vous devez mesurer notre réussite si nous atteignons nos objectifs ou pas, plutôt qu’en consultant nos résultats purs », déclarait Hourcade avant la compétition. Les événements lui ont donné raison. L’Argentine a fait encore mieux que le quart de finale visé.

Les Sud-Américains ont aussi pu profiter d’un parcours moins usant que les Irlandais, leur victime en quart de finale ce dimanche (43-20). Le XV du Trèfle a eu ses rencontres les plus abordables au début et a terminé sa phase de poules par une victoire contre la France qui a coûté cher. A l’inverse, les Pumas ont commencé contre les Blacks, avec une défaite qui les a tout de même bien lancés au vu du contenu, ayant mené jusqu’à la 57e minute avant de s’incliner (16-26). Par la suite, ils ont joué la Géorgie, les Tonga et la Namibie sans trop puiser dans leurs ressources. Les Argentins se retrouvent désormais à la quatrième place du classement World Rugby et espèrent encore faire mieux. Les Australiens sont prévenus.

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