Le gouvernement argentin a affirmé vendredi être victime d'une "extorsion judiciaire" de la part de fonds spéculatifs américains et a affirmé qu'il continuerait de rembourser ses échéances de dettes restructurées malgré la décision d'un juge new-yorkais de bloquer ces paiements.
"Le jugement de (Thomas) Griesa est une extorsion judiciaire", a dénoncé le ministre de l'Economie Axel Kicillof à l'occasion d'une réunion des ministres des Finances de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) à Buenos Aires.
M. Kicillof faisait référence à une décision de ce magistrat new-yorkais contraignant Buenos Aires à verser simultanément 1,33 milliard de dollars à deux fonds spéculatifs en même temps qu'elle remboursera une partie de sa dette restructurée arrivant à échéance le 30 juillet.
Selon le ministre, ces deux "fonds vautours" demandent la saisie conservatoire de 900 actifs argentins, parmi lesquels une frégate de la marine, les réserves de la Banque centrale, des satellites et mêmes des ambassades.
"Dites-moi si la volonté de saisir l'ambassade d'Argentine à Washington n'est pas une volonté d'extorquer le pays ?", a lancé M. Kicillof à ses homologues.
Le ministre a affirmé que dans son pays "personne ne voulait d'un défaut de paiement".
"Nous sommes disposer à dialoguer, mais nous n'accepterons pas l'extorsion", a-t-il martelé, alors que des négociations se déroulent à New York entre des représentants du gouvernement et des fonds concernés, sous l'égide d'un médiateur judiciaire.
L'Argentine a transféré le 26 juin des fonds sur des comptes de banques étrangères correspondant au remboursement d'échéances de dette venant à terme le 30 juillet. Mais le juge Griesa a bloqué ces fonds.
Si les créanciers n'étaient pas payé mercredi, l'Argentine pourrait entrer en défaut de paiement.
Malgré cette mesure judiciaire, l'Argentine "continuera de payer" ses créanciers ayant accepté une restructuration de dette, dont la prochaine échéance interviendra en septembre.
L'Argentine a jusqu'à mercredi pour commencer à rembourser les fonds spéculatifs NML et Aurelius qui ont refusé toute renégociation de leur dette après la faillite du pays en 2001 et qui ont obtenu gain de cause devant la justice américaine.
Mais si l'Argentine signait ce chèque de 1,33 milliard de dollars à ces fonds, les détenteurs de titres de dette argentine émis à New-York ayant refusé toute restructuration de leurs créances pourraient également entamer une procédure judiciaire.
Le montant de la facture pour la troisième économie d'Amérique latine pourrait alors dépasser 10 milliards de dollars.