L’Argentine a trouvé un accord avec le pétrolier espagnol Repsol

Buenos Aires accusait Repsol de ne pas investir suffisamment en Argentine pour expliquer la nationalisation, en 2012, d'YPF, la filiale de groupe pétrolier espagnol.

Après deux ans de conflit avec l'Espagne, principal investisseur en Argentine, le gouvernement péroniste de Cristina Kirchner a conclu un accord avec Repsol garantissant au pétrolier espagnol une compensation financière de 5 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros) après la nationalisation en avril 2012 par Buenos Aires de sa filiale YPF.

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La compagnie pétrolière argentine YPF était contrôlée depuis sa privatisation en 1992 par Repsol. Mais le gouvernement argentin accusait le pétrolier espagnol de ne pas investir suffisamment dans le pays. « Nous n'allons pas faire une nationalisation, mais une récupération », avait affirmé Mme Kirchner, lors de la nationalisation d'YPF, soulignant que « l'Argentine est le seul pays d'Amérique latine qui ne contrôle pas ses ressources naturelles ». Repsol avait alors dénoncé une mesure « illégale et discriminatoire » et menacé d'un recours en justice. La Commission européenne avait également réagi, estimant qu'une « prise de contrôle forcée de YPF enverrait un signal très négatif aux investisseurs et pourrait causer de sérieux dommages à l'environnement des affaires en Argentine. »

L'accord annoncé, mercredi 26 février à Buenos Aires et à Madrid, « reconnaît le droit de la compagnie à percevoir 5 milliards de dollars en compensation de l'expropriation de 51 % des actions d'YPF ». Il entraîne, en outre, « l'abandon réciproque des actions en justice et d'arbitrage entreprises ». Cette entente doit désormais être ratifiée par l'assemblée générale des actionnaires de Repsol et le Congrès argentin, où le gouvernement détient la majorité nécessaire. L'indemnisation sera versée en deux paquets d'obligations de l'Etat argentin en dollars, avec, pour échéances 2017, 2024 et 2033.

L'ESPAGNE DÉDOMMAGÉE

Repsol s'est félicité d'avoir obtenu une garantie supplémentaire, compte tenu du classement de la dette argentine en catégorie spéculative par les trois grandes agences de notation : même en cas de faillite, Buenos Aires devra verser les 5 milliards. « L'Argentine doit payer et nous avons la garantie que nous recevrons cet argent », a martelé Antonio Brufau, le président de Repsol.

Artisan de la renationalisation d'YPF, le ministre de l'économie argentin, Axel Kicillof, avait affirmé, en avril 2012, que le gouvernement ne paierait « pas un sou » de dédommagement à l'Espagne, accusant Repsol d'avoir « pillé » l'Argentine. « Les imbéciles pensent que l'Etat doit faire ce que demande l'entreprise », avait-il lancé d'un ton arrogant. « Nous avons le plaisir d'annoncer que le gouvernement et Repsol sont parvenus à un accord de compensation », a toutefois affirmé M. Kicillof, mercredi.

Car à Buenos Aires, les temps ont changé. Abandonnant un discours « national et populaire », Mme Kirchner tente désormais de récupérer la confiance des investisseurs étrangers. Le gouvernement a soudain pris des mesures cherchant à améliorer la crédibilité de l'Argentine : nouvel indice des prix à la consommation, dédommagement de Repsol et volonté de payer la dette envers le Club de Paris, le groupe des pays créanciers de l'Argentine, qui s'élève à 6 900 millions d'euros.

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