L’Argentine à quelques heures de son probable dépôt de bilan

L'Argentine va t-elle revivre les heures sombres de sa faillite de 2001 ? Ça n'a rien d'improbable. Alors que le pays a su finalement se redresser, la justice américaine lui replonge la tête sous l'eau. Et si les discussions qui se tiennent actuellement à New York ne débouchent sur rien, l'Argentine sera à nouveau en défaut de paiement.

Pas d'argent pour les fonds vautours

Car il n'est pas question pour Cristina Kirchner de payer 1,3 milliard de dollars aux deux « fonds vautours » Elliott Management et Aurelius. La crise couve en fait depuis 2001 et la première faillite du pays. Si la grande majorité des investisseurs (93%) ont accepté de restructurer la dette de l'Argentine —une décote de 70% —, 7% ont refusé et ont préféré vendre leur part de dette à ces fonds vautours qui achètent les créances à vil prix.

Après de nombreuses années de procédure, les deux fonds ont fini par obtenir leur victoire : l'Argentine doit leur régler rubis sur l'ongle 1,3 milliard de dollars, soit le montant de leurs créances à 100% de leur prix. Le pays a les moyens de payer cette somme, mais le gouvernement craint la réaction en chaîne : les 7% pourraient dès lors exiger que le gouvernement leur verse à eux aussi 100% du prix de leurs créances. Cela représenterait 19,5 milliards de dollars… et si les autres détenteurs de la dette du pays devaient eux aussi réclamer la vraie valeur de leurs anciennes créances, l'addition se monterait à 120 milliards de dollars ! Or, les réserves de change de l'Argentine ne vont pas au delà de 30 milliards…

Une faillite aux lourdes conséquences

Le pays se tient donc prêt à faire faillite une deuxième fois dans les heures qui viennent. Les négociations pourraient cependant aboutir à la dernière minute, qui permettraient à l'Argentine de gagner un peu de temps via une suspension de l'exécution de la condamnation.

Le gouvernement fait d'ailleurs preuve de bonne volonté. Il va verser 650 millions de dollars au Club de Paris afin d'éponger une partie du passif de la précédente mise en faillite. Et Axel Kicillof, le ministre argentin de l'Economie, se tient prêt à se rendre à New York pour finaliser les négociations. Mais il semble bien que Buenos Aires soit prêt à aller au clash avec ces fonds vautours et partant, avec les marchés internationaux.

L'Argentine a constitué une coalition de soutien face à ces fonds. La Chine, la Russie, le Mercosur, tous vont tenter de peser pour aider la troisième économique d'Amérique du Sud à franchir le pas. Car la banqueroute du pays sera économiquement catastrophique : l'inflation annuelle devrait ainsi grimper en flèche de 41%, la consommation va se contracter de 3,8%…

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