Les transactions d’un entrepreneur ont été dénoncées au Ministère public de la Confédération. La justice argentine attribue à une fiduciaire tessinoise et à une banque à Genève un rôle clé
Les liasses de 500 euros ont été transportées dans des valises par jet privé d’Argentine en Uruguay. L’argent, ensuite recyclé à travers des sociétés écrans, est réapparu en partie dans des banques genevoises, avant d’être renvoyé à Buenos Aires. Le premier volet de l’affaire a été révélé en avril dernier dans deux émissions de télévision en Argentine. Depuis, la justice argentine a ouvert deux enquêtes, l’une pour extorsion, l’autre pour blanchiment. Fait nouveau, le Ministère public de la Confédération (MPC) a confirmé cette semaine qu’il vient d’ouvrir une instruction pénale «pour présomption de blanchiment d’argent suite à une dénonciation».
En jeu, au moins 50 millions d’euros attribués à un entrepreneur argentin qui aurait fait fortune grâce à ses contacts avec les Kirchner, couple au pouvoir depuis 2003. Cet entrepreneur, Lazaro Baez, aurait bénéficié de contrats de travaux publics et d’exploitation de pétrole. Accusé à la télévision d’avoir fait sortir illégalement les 50 millions d’euros entre 2010 et 2011, il crie au complot politique, tout en déclarant avoir réalisé quelque 1,2 milliard de dollars de chiffre d’affaires depuis 2003.
Parmi ceux qui ont porté l’affaire à la télévision, Federico Elaskar, propriétaire de SGI, une entreprise financière basée à Buenos Aires. Federico Elaskar affirme s’être personnellement occupé de placer les 50 millions d’euros via 50 sociétés écrans au Panama et au Belize. Il aurait ensuite été forcé de vendre son entreprise – d’où l’enquête judiciaire pour extorsion – à une fiduciaire tessinoise, Helvetic Services Group, pour 1,5 million de dollars (dont il dit n’avoir touché que la moitié).
La télévision argentine a révélé, preuve à l’appui, que Martin Baez (fils de Lazaro) a ouvert à Genève un compte chez Lombard Odier en 2011, sous la couverture de Teegan Inc, société offshore basée aux Caraïbes. Contactée, la banque privée répond avoir «pris connaissance de cette affaire par voie de presse. L’une des personnes citées dans ce contexte a entretenu une courte relation bancaire avec notre établissement. Le compte a été cependant clôturé l’an dernier.» L’argent du compte aurait été transféré au sein d’une autre banque suisse.