La fin du football “à l’ancienne” ?

Beckham, Gerrard, Lampard, Pirlo en MLS, Raul, Xavi au Qatar, Ronaldinho en Turquie (après le Mexique et le Brésil), Aimar, Lucho, Milito en Argentine, Casillas peut être au Portugal… La liste des joueurs “à l’ancienne” qui signent dans des championnats mineurs s’allonge d’année en année. Quoi de plus normal me direz vous. Après tout, ils commencent tous à dépasser la date de péremption dans le top cinq européen, où les coaches misent sur des jeunes qui ont un avantage physique considérable. Quoi de mieux lorsque l’on est plus en odeur de sainteté que de s’offrir un dernier challenge lucratif, où l’on pourra jouer en étant la star de l’équipe ?

Mais qu’est-ce qu’un joueur “à l’ancienne”. Il s’agit d’un joueur classe, élégant qui brille plus par son intelligence que par ses qualités physiques. À l’opposé du règne des fusées Bale, Ronaldo, Neymar… Il peut être classe sur le terrain et/ou en dehors. Ce type de joueur joue pour l’équipe. Etant donné qu’il ne peut pas dribbler les onze adversaires tout seul, il fait jouer ses partenaires afin de gagner la rencontre. Cela ne veut pas dire qu’il ne prend pas ses responsabilités quand il doit le faire. Simplement, il utilise le collectif, dans le sport d’équipe le plus populaire du monde. Ces joueurs feraient presque l’éloge de la lenteur, à l’image de la Copa America du Mago Jorge Valdivia, lorsqu’on les compare aux stars du foot moderne. Vous noterez que nous utilisons de plus en plus l’abréviation foot. Comme si nous n’avions plus le temps de parler de football tellement cela va de plus en plus vite.

Car ce changement intrinsèque du sport roi est en lien avec la transformation de la société. Notre monde moderne et le progrès technologique nous accorde de moins en moins de temps pour vivre le moment présent. Les profils de joueur qui sortent les plus jeunes des centres de formations sont sensiblement identiques. Il s’agit, le plus souvent d’ailiers vifs, qui percutent et qui aiment se regarder jouer. Un exemple, N’Koudou a joué en équipe première du FC Nantes très tôt. À l’inverse de joueurs comme Rongier et Dubois, qui viennent de prolonger avec les Canaris. Certains diront, à raison, que le poste n’est pas le même entre ces trois joueurs, et qu’une perte de balle dans les trente mètres adverse est beaucoup moins dangereuse que dans son propre camp.

Toujours est-il que presque plus aucun joueurs ne reste dans son club formateur pour réaliser entièrement sa carrière. On peut s’interroger sur les motivations d’André Ayew de quitter l’OM où il aurait pu devenir le “joueur à l’ancienne”, pour un second couteau anglais. Les types de joueurs et les mentalités évoluent. Mais les deux choses sont liées.

Lorsque l’on voit, par exemple, que les deux capitaines du dernier Derby della Madoninna étaient Abate et Rannochia, on ne peut que regretter une époque pas si lointaine. Celle où Paolo Maldini échangeait son fanion avec celui de Javier Zanetti…

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