Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Confirmant la sentence de la juge fédérale María Servini de Cubría, la Cour suprême a considéré que quatre articles de la loi violaient la Constitution. Rejeté par l’opposition et par la majorité du corps judicaire, le texte voté par le Parlement modifiait la désignation des juges, des avocats et des représentants du monde académique membres du conseil de la magistrature.
Au lieu d’être élus par leurs pairs, ils devaient être intégrés aux listes présentées par les partis politiques aux élections législatives. Selon le gouvernement, il s’agissait de démocratiser la justice en donnant la parole au peuple. Pour ses adversaires, l’objectif non avoué de la réforme était de politiser le conseil et d’y constituer une majorité automatique favorable au pouvoir exécutif. Ce dernier aurait eu ainsi la haute main sur la désignation et l’avancement des magistrats, principales attributions du conseil.
La sentence de la Cour suprême est donc une lourde défaite pour Cristina Kirchner, soupçonnée, sous couvert de démocratisation, de vouloir manipuler la justice. La présidente argentine, elle, témoigne de l’indépendance de la Cour, composée de juristes de réputation internationale. Ironie de l’histoire, plusieurs d’entre eux ont été nommés sur proposition de feu Nestor Kirchner, époux et prédécesseur de l’actuelle chef de l’Etat.