La classe moyenne argentine défile contre Cristina Kirchner

A Buenos Aires, le 8 novembre, des Argentins manifestent contre la réélection potentielle de Cristina Kirchner, dans un contexte d'augmentation de l'insécurité et de la corruption.

Des centaines de milliers d'Argentins ont manifesté, jeudi 8 novembre, à Buenos Aires et dans les principales villes du pays, pour protester contre le gouvernement de la présidente péroniste Cristina Kirchner. Baptisée le "8 N", cette mobilisation avait été convoquée depuis plusieurs semaines à travers les réseaux sociaux.

Dans une atmosphère bon enfant et dans la chaleur du printemps austral, une marée humaine a envahi le centre de Buenos Aires, portant des drapeaux argentins et chantant l'hymne national, pour converger vers l'Obélisque, coeur de la capitale, et vers l'emblématique place de Mai, face au palais présidentiel. Des concerts de casseroles assourdissants ont retenti dans de nombreux quartiers et jusqu'aux portes de la résidence présidentielle d'Olivos, dans la banlieue nord de Buenos Aires, où se trouvait Mme Kirchner.

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Un des principaux mots d'ordre était "Oui à la démocratie, non à une ré-réélection", en réponse aux parlementaires de la majorité qui veulent réformer la Constitution afin de permettre à la présidente de briguer un troisième mandat consécutif de quatre ans, en 2015. Plus de 80 % des Argentins rejettent cette initiative, selon des sondages. Mme Kirchner avait été réélue en octobre 2011 avec 54 % des suffrages, mais sa cote de popularité est tombée depuis à 30 %, à en croire les dernières enquêtes.

"STOP À LA CORRUPTION"

Jeudi, des familles entières déambulaient en brandissant des pancartes ou de simples feuilles de papier : "Stop à la corruption", "Assez de mensonges, d'arrogance et d'autoritarisme", "Une justice indépendante". Des portraits du vice-président Amado Boudou, impliqué dans une affaire de corruption, circulaient. Des banderoles dénonçaient la hausse de la criminalité et une inflation, estimée à 25 % par an, qui apparaissent comme les deux principales préoccupations des Argentins. Dans la foule compacte, beaucoup de retraités déploraient que l'argent destiné à leurs pensions soit utilisé à d'autres fins par le gouvernement. "Le peuple uni ne sera jamais vaincu", scandaient les plus jeunes, reprenant un slogan traditionnel de la gauche.

La plupart des manifestants étaient issus de la classe moyenne, qui se plaint également des contrôles draconiens imposés depuis plusieurs semaines sur les opérations de change, qui les empêchent d'acquérir des dollars pour épargner face à l'inflation galopante et pour voyager.

Le gouvernement affirme que les Argentins vivent dans "une démocratie totale". Et il dénonce une tentative de déstabilisation, estimant que cette mobilisation a été orchestrée et financée par la droite ainsi que d'autres forces, montrant du doigt le puissant groupe de presse Clarin, contre lequel il est parti en guerre. Pour les opposants de Mme Kirchner, la volonté de la présidente de démanteler ce groupe médiatique, au nom de la lutte contre les monopoles, constitue en fait une attaque contre la liberté d'expression.

Le 13 septembre, une grande manifestation avait déjà provoqué la surprise à Buenos Aires. Jeudi, ils étaient 700 000 à défiler dans la capitale, selon les autorités municipales. Le "8 N" révèle un mécontentement croissant à l'égard du gouvernement Kirchner, mais également une crise de la représentation politique. Les Argentins descendent dans la rue faute de pouvoir canaliser leurs revendications à travers les partis d'opposition. "Opposition, qu'est-ce que tu attends ?", critiquaient certaines pancartes. D'autres affirmaient : "N'ayez pas peur, ceci est la démocratie", "Nous ne sommes pas des putschistes". Ou encore : "Si on n'est pas le peuple, le peuple il est où ?".

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