La présidente de l’Argentine, Cristina Kirchner Crédit : thinkincognito-eng.blogspot.fr
Dans un discours prononcé le 22 juillet dans la province de Buenos Aires pour l’inauguration d’une nouvelle usine, la Présidente argentine Cristina Kirchner a décrit sans ambages la nouvelle réalité globale à laquelle se trouvent confrontés la City de Londres et ses « fonds vautours » meurtriers.
Au lendemain du refus du juge américain Thomas Griesa de remettre à une date plus tardive l’application de sa décision antérieure obligeant l’Argentine de payer les fonds vautours au détriment des autres détenteurs d’obligations, une nouvelle salve de menaces et de chantage s’est ouverte, pouvant conduire de fait, le 30 juillet, à une cessation de paiement sur l’ensemble de la dette argentine, et par conséquent à un krach financier global.
Mme Kirchner a mis l’Empire en garde, rappelant qu’au lendemain de la réunion des BRICS et des pays membres de l’Unasur (Union des pays d’Amérique du Sud), la « prise de position des pays les plus avancés parmi les pays émergents pour faire face à la situation actuelle, implique la reformulation d’un nouvel ordre global, dont l’Argentine fera partie ».
Ainsi, il y a un nouveau monde, a-t-elle déclaré. « Il y a de nouveaux acteurs qui ne veulent plus vous écraser mais souhaitent coopérer avec vous pour voir s’il est possible, ensemble, de faire avancer ce gigantesque vaisseau qu’est le monde. ».
Elle a déclaré être fière d’avoir signé une vaste entente stratégique avec la Chine lors de la visite de Xi Jinping en Argentine, et elle a présenté certains détails des accords signés ainsi que les investissements chinois qui seront faits dans l’infrastructure, l’énergie nucléaire, les transports et dans bien d’autres domaines.
NML Capital, le fonds vautours qui attaque l’Argentine appartient au hedge fund Elliot Associates du millionnaire américain Paul Singer (à gauche). Crédit : calafatemovil.com
Elle a souligné l’importance de l’accord pour un échange de devises (swap) de 11 milliards de dollars avec la Banque centrale chinoise, insistant que cela aidera l’Argentine à renforcer ses réserves et à repousser les attaques spéculatives, incluant celles des fonds vautours.
Cette relation avec la Chine permettra à son pays de défendre et de poursuivre son modèle de développement économique actuel, un modèle mettant l’emphase sur le développement du marché interne, de l’industrie et de l’emploi.
Pour ce qui concerne la possibilité d’une cessation de paiements, a-t-elle affirmé, il n’y en aura pas, pour un simple raison : ceux qui ne paient pas font défaut, mais « l’Argentine a payé... et ils seront ainsi obligés de définir un monde nouveau, avec un nouveau terme reflétant le fait que le débiteur a payé et que quelqu’un l’a bloqué », empêchant par conséquent les détenteurs d’obligations restructurées de recevoir leur paiement.
Mme Kirchner s’est moquée de la menace qui a été proférée et selon laquelle si elle refusait de céder elle n’aura plus accès aux marchés financiers. « Quand avons-nous eu accès au financement de l’étranger ? (…) Au cours de la décennie 90, les dollars entraient dans le pays » à des taux usuriers. « Des dollars comme ceux-là ! Il est tombé sur l’Argentine des roches, des grenouilles et des serpents », qui ont légué au pays une dette impayable.
La présidente argentine a souligné que son pays continuera à négocier, « mais selon nos propres termes, qui ne sont absolument pas capricieux ». Elle a souligné qu’elle pouvait faire l’objet de poursuites pénales ou civiles si l’Argentine violait la clause RUFO (droits sur les offres futures – stipulant que le gouvernement ne peux payer plus aux vautours qu’aux détenteurs d’obligation ayant accepté la réorganisation de la dette).
Ce qui m’inquiète plus qu’une responsabilité pénale cependant, c’est ma responsabilité devant l’histoire, et au yeux de mes enfants, de mes petits-enfants, et de millions d’Argentins. On ne me forcera pas à signer quoi que ce soit sous prétexte qu’il y aurait un krach mondial (si je ne signais pas), car cela je l’ai déjà vu. (…) Je souhaite dire à chaque Argentin que ce Président ne signera rien qui puisse compromettre les générations futures de ce pays, comme d’autres l’ont fait. (…) Nous ne reviendrons pas à l’enfer que nous avons vécu pendant des décennies à cause de cette dette étrangère, qui a limité nos possibilités de croissance, de développement, d’éducation, de logement, d’accès aux soins et à l’université pour des millions d’Argentins.
La Présidente a ensuite élaboré sur ce qui se cachait derrière l’offensive des fonds vautours, qui est l’intention de s’emparer des actifs stratégiques et des matières premières de l’Argentine, telles que les réserves de gaz et de pétrole de schiste géantes de Vaca Muerta.
Elle a cité à ce propos, sans mentionner de nom, un président étranger qui l’a avertie que les vautours ne se contenteraient pas de collecter un simple 2 ou 3 milliards de dollars : « Ce qu’ils veulent, c’est de renverser la réorganisation de la dette [qui a été signée il y a quelques années entre l’Argentine et 93 % des détenteurs d’obligations de ce pays, ndrl] afin de forcer l’Argentine à revenir à une situation où elle paierait en matières premières s’il venait à lui manquer de l’argent. »