J’ai joué au polo avec le meilleur joueur du monde

Coup de fil de Richard Mille, fondateur de la marque de montres éponyme. «Comme je sais que tu montes à cheval, j’ai une proposition à te faire. Pablo Mac Donough sera de passage la semaine prochaine à Saint-Tropez, il est OK pour te donner un cours et si tout se passe bien, de faire un match avec toi». Pour ceux qui aiment l’équitation, c’est une proposition géniale, comme si l’on proposait à un joueur de foot amateur de jouer 90 minutes avec Lionel Messi…
 
A 31 ans, l’Argentin est un des six meilleurs joueurs mondiaux aux côtés d’Adolfo Cambiaso, Mariano Aguerre, Juan Martin Nero et des frères Pieres, Gonzalo et Facundo. La crème de la crème, tous Argentins, handicap 10. L’Argentine domine ce sport, le meilleur handicap atteint par un non argentin étant 8… Pablo est au sommet de cette discipline depuis 6 ans et compte le rester encore au moins pendant dix ans. «C’est mon challenge», dit-il en souriant.
 
Richard Mille aime faire la promotion de ses montres en choisissant des ambassadeurs de choix: Nadal pour le tennis, Loeb pour l’automobile, Mac Donough, depuis l’an dernier, pour le polo… Les évènements qu’il organise avec eux deviennent des must.
 
Qiunze jours après le fameux coup de fil, me voici à l’aéroport de Nice, jean blanc et bottes de polo dans mon sac, tenue de rigueur sur un terrain oblige… Pablo m’attend à l’aéroport comme le ferait un copain pour me conduire au Polo Club de Saint-Tropez sur la route de Gassin.
 
Restaurant gastronomique, bar à champagne, fauteuils confortables installés sous d’élégantes tentes devant le terrain, tout ce qu’on peut imaginer trouver autour d’un terrain de polo est présent. L’élégance et le luxe sont en effet de mise pour ce sport de grand luxe qui demande beaucoup de moyens, notamment pour les chevaux. Un joueur professionnel comme Pablo dispose non seulement d’un élevage en Argentine mais également d’une soixantaine de chevaux dispersés aux quatre coins du monde qu’il retrouve en fonction du calendrier de la saison. Qui démarre en février à Palm Beach pour se terminer à Buenos Aires en novembre, en passant par l’Angleterre et l’Espagne.
 
Ce luxe explique pourquoi les marques de luxe se rapprochent de ce monde à part en tant que partenaires d’évènements, sponsors d’équipes, de joueurs, ou encore comme chronométreurs officiels, ce qui est le cas dès maintenant, tout au long de la saison d’été au Polo Club de Saint-Tropez pour Richard Mille.
 
Je zappe la dégustation, notre déjeuner est rapide. Me voilà en tenue, sur le terrain, petit maillet en main. Pablo est prudent, il sait que je suis un bon cavalier, que j’ai déjà participé à des initiations au polo mais il veut savoir ou j’en suis :

«Nous allons travailler ton swing, à droite, à gauche, ensuite nous ferrons quelques échanges de balles, en marchant, en courant».

Un peu déçu, je pensais d’emblée me mettre en selle, l’exercice s’avère quand même fun et instructif. Pas si facile d’envoyer à plus d’un mètre cette petite balle en plastique de 8,5 cm de diamètre. Me voici à jouer comme des gosses avec le meilleur joueur du monde à un drôle de sport, hybride entre le hockey sur gazon, le foot et le polo.

 
«Bon, tu as l’air à l’aise, on va passer à cheval». Le bonheur. On m’attribue une jument, Franquette, grise, cool, très joueuse. «Une excellente qualité», me précise Pablo. Il suffit d’envoyer la balle devant elle et sans rien avoir à lui demander, elle démarre au galop et la poursuit. Nous recommençons quelques exercices, au pas, au trop et au galop. Mon swing ne se passe pas si mal, j’arrive à traverser le terrain avec ma balle et lorsque j’ai un raté, Pablo est derrière moi, récupère la balle, me la renvoie et on recommence. Déjà plus d’une heure que nous sommes à cheval, le temps est venu de faire un match.

 
Nous sommes six au total, trois contre trois, au lieu des deux équipes de quatre cavaliers réglementaires. C’est parti! L’allure est rapide, arrêt, départ au galop, stop, départ au galop et ainsi de suite. Pablo est contre moi, mais il s’amuse, me laisse approcher des buts, relance l’action, jongle avec la balle au bout de son maillet…
 
C’est ici que les qualités d’un bon joueur de polo sautent aux yeux. Pablo monte à cheval comme un Dieu, démontre son esprit joueur et sa prudence. C’est vrai que les règles du polo visent essentiellement à préserver la sécurité des joueurs et des chevaux. S’il est autorisé de gêner un joueur en le poussant épaule contre épaule, ou en accrochant son maillet pour l’empêcher de frapper la balle, il est interdit de couper la ligne matérialisée par la trajectoire d’une balle, de zigzaguer devant un adversaire.
 
Nous aurons fait au total quatre Chukkas (des manches de 7 minutes 30), un vrai match. Les chevaux sont en nage, comme nous, et le score de 3 à 1 pour l’équipe de Pablo. Les lads récupèrent les chevaux, mes jambes sont raides et ma main droite tremble encore à force d’avoir tenu le maillet pendant tant de temps, Pablo me rejoint :

«Comme tu as vu, c’est très amusant, mais il faut faire attention, c’est un sport dangereux, la plupart du temps nous allons à plus de 50 km/h, un accident est vite arrivé. L’important c’est d’être prudent, de savoir monter à cheval et de s’entraîner des heures et des heures, tout seul sur un terrain pour améliorer son swing».

Hervé Borne

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