Entretien
Oswaldo Vizcarrondo,défenseur du FC Nantes.
La Jonelière, jeudi, 13 h. Sorti le dernier du vestiaire, Oswaldo Vizcarrondo accepte de faire longuement le point sur son premier mois et demi nantais. Ton posé, discours - en espagnol - structuré, El Patrón répond sans langue de bois. Les apparences sont parfois trompeuses mais ce défenseur vénézuélien-là a vraiment l'air d'un chic type.
Oswaldo, comment se déroule votre intégration à la ville et au club ?
Je commence à trouver des repères, à comprendre ce qu'est le FC Nantes, son identité, sa culture. Embrasser l'écusson au bout de trois jours ou d'un mois, cela n'a aucun sens. Le sentiment d'appartenance à un club ne peut pas se développer si vite. Mais entre la qualité des installations, la mentalité des gens qui travaillent au club et les supporteurs, je m'identifie peu à peu au FC Nantes. Quand vous voyez 700 Nantais à Lorient (1-2), vous comprenez que vous jouez dans un grand club, très populaire.
« Ibrahimovic ne viendra pasau pressing sur mes relances »
Côté sportif, êtes-vous surpris ?
Ici, le bloc équipe est la priorité, on travaille d'abord la cohésion défensive. En Amérique du Sud, les équipes pressent dans le camp adverse. Le football français est beaucoup plus rapide, mais il y a moins de contacts, l'arbitre siffle vite. Et on parle très peu avec les partenaires et les adversaires. Chez moi, on provoque beaucoup les attaquants verbalement.
Depuis votre arrivée, le FC Nantes semble défendre plus haut...
J'ai tendance à sortir très vite, à m'aligner sur la ligne médiane. J'ai remarqué qu'ici les défenses ressortent plus lentement en contre, restent assez bas. Plus tu remontes, plus tu récupères le ballon haut, et moins les lignes sont éloignées.
Ce soir, vous évoluerez à cinq derrière, avec trois axiaux...
J'ai déjà joué dans une défense à trois centraux, dans l'axe en ligne, comme libero et à gauche. Contre Paris, je devrais jouer libero, en retrait de Gabriel Cichero et Papy Djilobodji. La problématique sera de mieux relancer et conserver le ballon qu'à Lorient (1-2). Nous devons progresser dans la circulation, notre possession est trop faible. Or, il n'y pas meilleure façon de défendre qu'avec le ballon.
Djilobodji et Cichero, deux gauchers...
L'an dernier, ils sont montés en jouant dans l'axe ensemble. Dans le football mondial, c'est quand même atypique mais ils ont prouvé que ça peut marcher.
Avec Papy Djilobodji, vous parlezen quelle langue, « frangnol » ?
(Rires) Non, « spanglish » ! Aucun des deux ne parle bien anglais, alors j'essaye d'accélérer mon apprentissage du français. Je sais dire « ça vient », « sortez », « avance ». J'ai besoin de parler énormément sur un terrain et je me refuse à gesticuler, car les caméras filment tout...
Avec Rémy Riou, la communication est-elle plus aisée ?
Il maîtrise mieux les langues que Papy !
Ce soir, c'est le PSG tout puissant qui débarque à la Beaujoire...
Un club riche. Avec autant d'argent, on peut déplacer des montagnes. Quand tu vois qu'ils ont acheté Cavani à Naples...
Un crack de niveau mondial ?
J'ai joué contre lui en sélection. Il est adroit des deux pieds, bon de la tête, c'est un buteur très complet. 63 M€, il n'y a rien à ajouter, son prix résume tout...
Vous pouvez battre le PSG ?
Évidemment. J'ai déjà gagné contre l'Argentine et le Brésil avec le Venezuela, alors Paris... pourquoi on ne pourrait pas les battre ? Tant que l'on reste tous hyper concentrés, rien n'est impossible. J'ai vu leurs deux premiers matches de Ligue 1, leur jeu collectif n'est pas encore rôdé. Ils ont raté leur début de saison.
Sacré duel avec Zlatan...
Quand tu joues défenseur central, tu aimes les duels. Moi, je ne veux pas que l'attaquant marque. Si c'est un milieu qui marque, tu accuses moins le coup. Mais un attaquant... Contre Ibrahimovic, je devrai être très concentré. Ce n'est pas un gars qui viendra au pressing sur mes relances, il ne s'épuise pas à courir dans le vide mais dès qu'il a le ballon, il fait la différence. Et de la tête, il est très efficace. Je l'ai vu plusieurs fois, je connais son jeu. Et puis j'ai déjà joué contre Falcao, Messi, Higuaín, Lavezzi... En Amérique du Sud, tu rencontres les meilleurs attaquants de la planète très tôt.
Et si Ibra provoque en suédois ?
Je demanderai à Alejandro Bedoyade traduire, sa petite amie est suédoise !
Benjamin IDRAC.
El Patrón côté décalé
Une image de Nantes ?
Le fleuve, l'Erdre (il épelle).
Un groupe de musique ?
Caramelos de Cianuro, du rock vénézuélien, j'invite tout le monde à écouter.
Film préféré ?
Le Seigneur des anneaux.
Dernier livre lu ?
No es cuestión de leche, de Carlos Saúl Rodríguez, ancien psychologue de la sélection vénézuélienne.
La distance Paris-Nantes ?
350 km environ, 2 h 20 en train.
Plat français détesté ?
Le saumon fumé. Vous ne savez pas le préparer autrement ? (rires)
Les numéros de Cavani et Ibra ?
Tu m'as tué là ! Euh... Cavani... le 9 ? L'autre je ne sais pas. Aucune idée.
Pourquoi dit-on Venezuela et pas Venezuelo ?
C'est la faute de Christophe Colomb. Il voulait appeler le territoire « petite Venise », et en Italie Venise c'est Venezia, pas Venezio.
Pourquoi les fromages sont ronds ?
Au Venezuela il y en a aussi des rectangulaires et carrés... Je ne sais pas !
Depuis quel âge avez-vous la phobie des coiffeurs ?
(Il explose de rire) Des coiffeurs et des rasoirs Gillette ! Je n'ai pas la phobie des coiffeurs, c'est juste que j'ai voulu me créer une image et depuis j'aime bien mon look. Quand j'arrêterai de jouer, je raserai cheveux et barbe, promis.
À la pétanque, tireur ou pointeur ?
Tireur, évidemment ! Quelle question !