Historia del miedo (Histoire de la peur) – la critique du film – aVoir

Le premier long-métrage de Benjamin Naishtat pose de nombreuses questions sur le sentiment d’insécurité en Argentine sans chercher réellement à l’expliquer.

L’argument : Buenos Aires, dans la chaleur de l’été, entre quartiers pavillonnaires sécurisés et terrains vagues recouverts d’immondices. Les aboiements de chiens errants, les coupures de courant à répétition et les nuages de fumées incontrôlables poussent les habitants à se confronter à leurs instincts les plus primaires.

Notre avis : C’est en tant qu’artiste engagé que Benjamin Naishtat a choisi, pour son premier long-métrage, de s’attaquer au sentiment d’insécurité en Argentine et plus spécifiquement dans la ville de Buenos Aires. La peur et l’insécurité étant deux thèmes d’actualité dans son pays, notamment auprès des politiques, c’est grâce à un projet singulier qu’il a choisi d’en parler, et de faire côtoyer la richesse ostentatoire face à la misère la plus sombre.
Sa mise en scène est audacieuse, notamment parce que les personnages et leurs histoires se distillent au cœur de multiples saynètes qui laissent planer le doute quant au véritable objectif du film. De quoi parle-t-on ? D’un adolescent perdu qui voit toute la richesse de ses voisins sans pouvoir y accéder ? De sa mère épuisée qui tente de joindre les deux bouts ? Petit à petit, le spectateur pourra comprendre au contraire qu’il est placé au cœur de l’intrigue pour s’identifier aux personnages, qui vivent dans une angoisse permanente.
Grâce à des jeux de lumière et à un travail approfondi sur le son, le public est toujours aux aguets et s’attend à voir surgir à n’importe quel moment cette menace invisible dont tous les protagonistes ont l’air d’avoir peur. La lumière et le jour représentent l’espoir et la sécurité, si bien qu’à la nuit tombée, les coupures de courant très fréquentes à Buenos Aires plongent les habitants dans une détresse persistante. Historia del miedo étant basé sur l’idée de la projection, la réalisateur plonge alors l’écran entier dans le noir, installant les spectateurs et les acteurs dans les meilleurs conditions pour avoir peur. Mais de quoi ? La question se posera tout au long du film, la peur restant une donnée abstraite malgré tous les éléments mis en place pour lui donner vie.
Le film est découpé par les saynètes mais manque cruellement de rythme, notamment parce qu’il est difficile pour le spectateur de s’identifier à des personnages dont il ne sait rien. Des zones d’ombre perdurent ainsi tout au long du film, alors qu’il aurait été bien commode d’obtenir enfin des réponses sur ces gens ; qui sont-ils ? Quels sont leurs liens ? Pourquoi ont-ils peur les uns des autres ?
Film singulier sur la peur et sur la vie en société, où chacun semble se méfier de son voisin pour des raisons inconnues, ce long-métrage gâche de lui-même son étude sociologique en ne fournissant pas toutes les clés pour comprendre le dispositif mis en place. Reconnaissons-lui tout de même le mérite d’interpeller et de stigmatiser la phobie sociale et la peur de l’inconnu, qui paraissent ici bien absurdes tant cette angoisse est sans consistance et surtout sans raison.


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