Le Ghana a laissé repartir mercredi le navire militaire argentin qu'il retenait depuis plus de deux mois en raison d'un contentieux financier entre l'Argentine et un fonds spéculatif, se pliant au jugement du Tribunal international du droit de la mer qui lui avait ordonné de libérer la frégate.
Le majestueux trois mâts, qui sert habituellement de bâtiment école à la Marine argentine, a largué les amarres vers 16h30 GMT à Tema, le principal port ghanéen, à 25 kilomètres à l'est d'Accra, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une centaines de marins argentins avaient été envoyés par Buenos Aires pour ramener la frégate au pays.
Le Libertad avait été saisi le 2 octobre par les autorités ghanéennes suite à une plainte du fonds d'investissement NML Capital Limited qui détient des titres de dette argentins et réclame à Buenos Aires plus de 370 millions de dollars (283 millions d'euros).
Dans cette affaire très suivie internationalement, le ministère argentin des Affaires étrangères avait dénoncé ce qu'il appelait une "attaque des fonds vautours contre l'Argentine" et un "piège tendu par des financiers sans scrupules". Buenos Aires affirmait notamment qu'Accra violait le droit international qui protège les bateaux militaires.
Mais les responsables politiques ghanéens avaient insisté à plusieurs reprises sur le fait que la bataille se jouait entre le fond NML et l'Argentine et que les autorités du pays ouest-africain ne faisaient qu'appliquer une décision de justice locale.
N'obtenant pas gain de cause auprès de la justice ghanéenne, Buenos Aires avait saisi le Tribunal international du droit de la mer qui siège à Hambourg (Allemagne). Et cet organe judiciaire indépendant créé sous l'égide des Nations unies a finalement tranché l'affaire samedi en jugeant que les autorités du Ghana devaient libérer "immédiatement et sans condition" la frégate.
Les autorités ghanéennes avaient affirmé mardi que, selon les règles du droit local, le tribunal de commerce devait d'abord casser son premier jugement, avant que la frégate ne puisse reprendre la mer.
Mais le porte-parole du port de Tema, Lawrence Atumbine, a déclaré à l'AFP mercredi que les autorités portuaires n'avaient pas l'intention d'empêcher le navire militaire de s'en aller suite à la décision du tribunal international.
"Si les marins veulent partir, il n'y a plus rien que l'on puisse faire", a dit M. Atumbine à l'AFP, juste avant le départ du Libertad qui avait passé une partie de la journée à faire le plein de carburant et des réserves pour préparer sa traversée transatlantique.
Le bateau s'était rendu au Ghana pour une mission d'entraînement, avec à son bord des marins argentins mais aussi des ressortissants de plusieurs autres pays sud-américains. Une grande partie de l'équipage avait été évacuée en octobre.
L'Argentine s'était déclarée le 23 décembre 2001 en défaut de paiement, le plus important de l'histoire, 100 milliards de dollars (75 milliards d'euros), et avait écarté toute négociation avec ses créanciers.
Le pays sud-américain avait ensuite lancé des offres d'échange, soldant 93% de sa dette. La plupart des 7% restants sont entre les mains de fonds spéculatifs qui ont lancé des procédures judiciaires.
NML, dont le siège est situé aux Iles Caïman, un paradis fiscal, a refusé des offres d'échange de titres de la dette de Buenos Aires à deux reprises, en 2005 et 2010.
"L'Argentine continuera à se défendre contre les pirates financiers, les vautours ne l'emporteront pas", avait déclaré le ministre argentin de l'Economie Hernan Lorenzino depuis son compte Twitter suite à la décision du Tribunal international.