À 83 ans, Gaby Etchebarne continue son chemin vers ceux que la société oublie. Son dernier livre, Sur les pas des disparus d'Argentine, retrace la tragique période de la dictature Videla .
Le 14 avril (18 heures), elle sera à la librairie Ombres Blanches pour présenter son dernier livre Sur les pas des disparus d'Argentine (1976-1983), Avec ce 7e ouvrage, l'ancienne religieuse Gaby Etchebarne retrace la vie et la disparition de deux anciennes religieuses, Cathy et Léonie, arrêtées et disparues sous la dictature du général Videla en 1977. Rejoignant ainsi les 30 000 disparus d'Argentine de cette tragique période. Témoignage.
Vous avez eu une vie exceptionnelle. Retracez-nous en les grandes lignes.
Je suis née en mars 1932 au Pays-Basque dans la maison près des chènes qui se dit en basque «Harritz-Aldea». Mon père était maçon et ma mère s'occupait de la maison et de ses six enfants. J'ai eu une enfance modeste mais heureuse. Le vœux le plus cher de mes parents étant de nous voir accéder aux études supérieures.
En septembre 1944 et durant neuf ans, vous allez suivre des études dans un pensionnat religieux. Avant d'être institutrice.
Je ne garde pas un très bon souvenir de cette période. Je m'ennuyais beaucoup dans cet établissement. Je détestais l'uniforme noir et la discipline spartiate. Un environnement égayé parla visite des missionnaires venues d'Asie et d'Afrique.
De 1961 à 1968, vous partez comme missionnaire en Argentine à Moron près de Buenos Aires pour vous occuper de jeunes trisomiques. C'est à ce moment que vous rencontrez Cathy et Léonie.
Toutes les deux s'occupaient des pauvres. Elles travaillaient notamment avec les Mères de la fameuse Place de Mai qui depuis le 30 avril 1977 font des rondes face à la Casa Rosada, résidence du gouvernement à Buenos Aires en hommage à leurs enfants disparus et assassinés durant la salle guerre.
Suivront d'autres voyages dont le Laos avant le retour en 1976 à Toulouse.
À l'âge de 43 ans, je me suis retrouvé en HLM à Bagatelle. Je m'inscris à la CFDT et découvre les espoirs et déceptions du monde syndicaliste. Je travaille dans les assurances puis à la réception d'un hôtel. Une vie sédentaire qui ne me convient guère. C'est là que j'apprends la disparition de mes deux amies, jetées en pleine mer d'un hélicoptère, après avoir été droguées au penthotal : le 7 décembre 1977 pour Cathy et le 8 décembre 1977 pour Léonie.
Pourquoi sont-elles mortes selon vous ?
Leur seul crime était d'aider les plus démunis, de défendre l'injustice. Guidées par la foi, elles ont été au bout de leur engagement.
Trente ans après, leur souvenir est toujours vivant ?
Absolument. Tant en France qu'en Argentine. Leurs tortionnaires se sont trompés. C'est notre plus belle revanche.
Éditions Signe des Temps.
Un hommage émouvant
Gaby Etchebarne a vécu et travaillé avec Cathy et Léonie de nombreusesannées. En compagnie dela cinéaste Basque Audrey Hoc, créatrice du documentaire en DVD qui accompagne le livre, elle a retrouvé les traces de ces deux femmes, parcouru les quartiers où elles ont partagé la vie des défavorisés, les lieux où elles ont souffert, de l'arrestation à la prison en passant par la torture. Ce livre est le 7e de l'auteur après entre autre Paroles de berger : du Pays Basque au Far West, Hitza Hitz, paroles de Basques, Paroles d'Amatxi, D'ici et d'ailleurs, paroles d'immigrés.