« Désolé, je n’ai pas pu arriver à l’heure. » Après avoir séché le point presse de la matinée jeudi à Marcoussis, Frédéric Michalak s’est finalement présenté face aux journalistes aux alentours de 15h00 et s’est immédiatement excusé. Mais le Toulonnais avait fait du rab pour la bonne cause à l’entraînement, où il s’est infligé une double ration de tirs au but. Titularisé à l’ouverture et associé à Maxime Machenaud pour le match contre l’Australie samedi, il sera le buteur attitré des Bleus sur la pelouse du Stade de France. Une responsabilité supplémentaire pour l’ancien Toulousain, qui devra prendre les clés du jeu après avoir été préféré à François Trinh-Duc. Mais il ne se prend pas la tête pour autant. « Ce n’est pas une pression de jouer pour l’équipe de France, assure-t-il. C’est ce qu’il y a de plus haut dans notre sport. » De retour en sélection lors de la dernière tournée estivale, Michalak a convaincu le staff de s’appuyer sur lui. Excellent au mois de juin en Argentine, où il avait été associé avec succès à Machenaud lors du deuxième test, comme avec le RCT cette saison (dix matchs disputés, dont sept comme titulaire, 46 points inscrits), il s’est imposé comme une évidence.
Après avoir tout connu avec les Bleus depuis ses débuts internationaux en 2001, Michalak savoure son bonheur d’y revenir comme un cadre. « C’est déjà un plaisir d’être dans le groupe France et de pouvoir participer à cette nouvelle aventure. C’est beaucoup de bonheur de pouvoir démarrer. Si j’avais été sur le banc, j’aurais été content aussi. On est un groupe, on va essayer d’être bon sur ce match. » Pour la première fois depuis le Tournoi des VI Nations 2010 et un large succès contre l’Irlande (33-10), il retrouvera le public du Stade de France avec le maillot de la sélection sur les épaules. Un moment forcément particulier. « Je suis excité d’être en Bleu, le plaisir est surtout là, nuance le natif de Toulouse. Après bien sûr, jouer chez nous, c’est une force supplémentaire. Quand les gens sont derrière nous pour nous encourager, c’est le seizième homme et on en a besoin. Si les gens sont là ce week-end à nous pousser, on le sentira. Nos familles seront aussi devant la télé ou au stade. C’est une grosse motivation pour nous. »
Une tournée décisive pour l’avenir de Michalak chez les Bleus
Apaisé depuis son retour en France, après deux passages en Afrique du Sud chez les Sharks, Michalak aborde désormais son métier avec une décontraction nouvelle. Bien plus serein qu’à ses débuts, lorsqu’il affichait sa sensibilité à la moindre critique, il se focalise sur sa mission. Même l’éternel débat sur son positionnement ne semble plus l’atteindre. « Ce sont deux postes (mêlée et ouverture) qui se ressemblent beaucoup. Je ne me pose plus la question aujourd’hui. » Double champion de France (2001, 2011) et triple champion d’Europe (2003, 2005, 2010), il doit maintenant mettre sa tranquillité et son expérience au service du collectif. Ancien du Super 15, les Australiens n’ont aucun secret pour lui. « Ça me sert pas mal. Je connais beaucoup de joueurs qui seront en face. Je sais que certains ont de grosses qualités individuelles, comme (Kurtley) Beale, qui est numéro 10. Ce n’est pas forcément un spécialiste mais il a des appuis terribles et peut faire de grosses différences en un contre un. »
Bête noire du XV de France, les Wallabies n’ont plus perdu contre les Bleus depuis 2005, soit une série de cinq succès de rang. Mais Michalak était de l’un des derniers succès contre l’Australie en novembre 2004 (27-14). Il avait même inscrit un essai. Mais il confie ne pas avoir de « recette miracle ». « C’est un sport de combat, c’est de l’engagement. Il faudra déjà répondre présent sur ces bases. » S’il en revient inlassablement au collectif, Michalak ne peut ignorer qu’il jouera gros dans les prochaines semaines. Désormais devant Trinh-Duc dans la hiérarchie, le trentenaire aux 56 sélections est revenu en France dans l’optique de disputer la Coupe du monde 2015 et il pourra marquer de gros points au cours du mois de novembre. Bien conscient que les résultats de son équipe pourraient influer sur son avenir en sélection, Michalak se veut très ambitieux pour les Bleus. « On a envie de gagner des matchs de haut niveau. En équipe de France, c’est ce qu’il nous manque sur la durée. Il faut viser trois victoires sur cette tournée. » Comme pour mieux affirmer sa candidature pour un long bail à l’ouverture.