Pour Ricardo Echegaray, le patron de l'administration fiscale argentine (AFIP), le temps est désormais compté. Nommé en 2008 par Cristina Kirchner, dont le mandat de présidente s'achèvera en décembre, il ne dispose que d'un laps de temps limité pour mener à bien sa bataille contre l'évasion fiscale, et récupérer 3,5 milliards de dollars placés sur des comptes à l'étranger.
Pour déjouer la fraude endémique, l'Argentine avait déjà misé sur les drones pour détecter les maisons ou terrains agricoles non déclarés. Cette fois, elle s'entoure de deux lanceurs d'alerte français : Hervé Falciani et Stéphanie Gibaud. Le premier est le pivot de ce que l'on appelle désormais l'affaire HSBC. En 2009, l'ex-informaticien de la banque britannique HBSC à Genève transmet aux autorités françaises des documents (qu'il dérobe en 2008) révélant l'existence de plus de 100.000 fraudeurs présumés. D'après le journal Le Temps, la nouvelle recrue sera en charge de former et de sensibiliser les jeunes à l'université sur la thématique de l'évasion fiscale.
La seconde recrue n'est que autre que Stéphanie Gibaud, ancienne responsable marketing d'UBS France, qui a dénoncé un vaste système de fraude et de blanchiment de fonds il y a six ans. A partir de la mi-septembre, elle sera chargée de former les fonctionnaires argentins de l'AFIP à la question.
En juin, lors d'une audience avec des parlementaires argentins, l'ex-cadre d'UBS a affirmé que la banque disposait d'une trentaine d'intermédiaires chargés d'aider des contribuables d'Amérique latine à frauder. A partir de la mi-septembre, elle sera chargée d'animer un séminaire destiné aux fonctionnaires de l'administration fiscale.
Procès contre HSBC
Si le gouvernement passe à l'attaque pour enrayer la fraude fiscale dans le pays, le volet judiciaire se poursuit. En novembre 2014, Buenos Aires a porté plainte contre HSBC. L'établissement bancaire est accusé d'avoir fait la promotion de l'évasion fiscale auprès de ses clients. Depuis, l'Argentine réclame le rapatriement des fonds de quelque 4.000 citoyens argentins qui ont ouvert des comptes dans la filiale suisse de HSBC. Problème : seulement 125 étaient déclarés. Ces noms figuraient dans les documents fournis aux autorités françaises par Hervé Falciani, puis remis à l'Argentine en 2014 par la France.
De son côté, le patron de l'administration fiscale dénonce "l'existence d'une plate-forme illégale montée par trois entités bancaires en Argentine, toutes liées à HSBC". Il accuse les responsables de ces entités d'"être intervenus activement dans le seul but d'aider des citoyens argentins à éviter de payer leurs impôts". L'AFIP affirme que les opérations frauduleuses ont été supervisées par des représentants de HSBC en Argentine, aux Etats-Unis et en Suisse.
Comme le rapporte le quotidien helvète, l'économiste argentin Jorge Gaggero a évalué le stock d'actifs offshore en se basant sur des chiffres de 2012). Il représenterait 62% du PIB argentin, et 250% de sa dette publique.
Open all references in tabs: [1 - 4]