Publié le vendredi 19 octobre 2012 à 11H00 - Vu
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Avec Carlos, le Stade avait l'assurance d'être efficace dans le rectangle.
En voyage en France, l'icône de Boca Juniors a regagné l'Argentine dimanche dernier. S'il n'assistera donc pas à PSG - Reims, le goleador a bien voulu évoquer les deux clubs qui ont marqué sa carrière dans l'Hexagone.
CARLOS BIANCHI : « travailler, travailler deux fois plus » ; les Stadistes ont visiblement entendu le message que vous leur aviez adressé pour les 80 ans du club ?
« Si tu travailles, déjà, tu n'as rien à te reprocher si ça ne marche pas. En travaillant, tu as aussi plus de chance de réussir que de ne pas réussir.
Pour être compétitive, une équipe doit être complémentaire. Et tout le monde doit avoir la même mentalité. A Paris, je faisais mon boulot. Lors de mes deux saisons, le PSG a terminé 11e et 13e. Personnellement, j'ai fini deux fois meilleur buteur de France et 2e en Europe. »
Un avis sur votre compatriote Javier Pastore ?
« C'est un bon joueur. Le PSG n'a pas mis 40 millions d'euros comme ça pour le recruter. En Argentine, Pastore avait très bien marché avec Huracan. S'il a réussi en Italie, il peut le faire aussi en France. La question, pour lui, c'est de trouver sa place sur le terrain. »
La dernière fois que vous êtes allé au Parc des Princes, on vous a demandé de donner un conseil à Erding…
« Je me souviens. J'avais dit qu'Erding marquerait des buts, le jour où il ne viserait plus le gardien. C'est évident, non ? Tu es plus efficace si tu places le ballon hors de portée du gardien que si tu frappes en aveugle. »
Que pensez-vous de la Zlatanomania ?
« C'est un vrai attaquant, très doué techniquement et qui frappe des deux pieds. Ce sera le danger n° 1 pour le Stade de Reims. Quant à situer Ibrahimovic dans la hiérarchie mondiale, pour moi, ça n'a pas de sens. Prenons un joueur comme le Colombien Radamel Falcao, il marque plein de buts, il en est à 8 en 7 journées avec Cristiano Ronaldo et Messi. Il vient d'inscrire deux buts contre le Paraguay, il a remporté la Ligue Europa, la Supercoupe. Doit-on pour autant le considérer comme le meilleur attaquant de la planète ? »
Il est, dit-on, difficile de réussir à Paris en raison des nombreuses tentations…
« J'allais de la maison à l'entraînement, de l'entraînement à la maison. Le dimanche, c'était le match.
Madrid, Rome, Londres sont aussi de grandes capitales et des joueurs y réussissent. A Paris, je n'ai même pas rencontré une seule fois Jacques Chirac. Evoquer la pression médiatique, ce n'est qu'une excuse. Moi, j'étais à Paris pour jouer, pas pour la ville. »
Votre nom a circulé plusieurs fois en coulisses quand le PSG cherchait un entraîneur…
« Je n'ai jamais eu le moindre contact. Peut-être qu'un dirigeant a pensé à moi mais on ne m'a pas appelé. »
Quand vous séjournez en France, vous arrive-t-il d'aller au Parc y voir jouer le PSG ?
« Rarement. Je ne viens pas spécialement en France pour assister à des matches. Il faut que ça colle avec mon agenda.
J'étais ainsi à Aix-en-Provence où j'ai suivi le match Reims - Nice sur RMC. Comme je suis reparti dimanche dernier, je ne serai pas là pour PSG - Reims. »
Si vous aviez à établir un comparatif entre Reims et le PSG ?
« J'ai joué plus longtemps au Stade, trois ans et demi, qu'au PSG, deux ans. J'ai été meilleur buteur de D1 trois fois avec le Stade et deux avec le PSG. J'ai fait mon travail dans les deux clubs.
Reims est un club de province et Paris SG celui de la capitale. On peut le constater clairement. Le PSG a intéressé Canal + et, maintenant, c'est au tour des Qataris.
Le Stade, lui, n'a jamais eu le soutien du champagne. Il a surtout vécu des subventions de la mairie. Notamment à l'époque de Jean Taittinger. Après, il y a eu un changement de municipalité avec l'élection de Claude Lamblin. C'est devenu plus difficile et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai été vendu au PSG.
Ce qui fait que j'ai été très touché quand je suis revenu à Reims pour un film et que j'ai reçu la médaille de la ville. »
Impossible de ne pas évoquer ces six buts inscrits avec Reims en un seul match contre le PSG…
« C'était en 1974-1975. Le PSG venait d'accéder en D1. On jouait la 2e journée. A la mi-temps, le score était de 1-1 et, au retour sur la pelouse, François M'Pelé tire sur la transversale. On aurait pu être mené 2-1 mais je marque cinq buts d'affilée.
Le mardi, j'ai fait la couverture de France Football. Je portais la barbe car je me sentais seul. Mon épouse, Marga, était retournée en Argentine pour être auprès de son père qui était très malade. »
On a du mal, aujourd'hui, à imaginer une telle performance…
« J'en ai marqué cinq contre Monaco comme avec Velez face à San Lorenzo. C'est quelque chose d'un peu spécial mais ça peut encore arriver. Messi en a bien mis quatre dans un match du championnat d'Espagne (contre Valence). »
A l'époque, le PSG qui était entraîné par Justo Fontaine, jouait la ligne…
« Il y a d'autres équipes qui jouent la ligne, comme Barcelone. Ça m'est arrivé de rencontrer des adversaires qui défendaient comme ça, ce n'est pas pour autant que c'était facile.
Le gardien Pantelic était blessé. Planchard (un ancien jockey) le remplaçait. Le PSG alignait une très belle équipe avec des garçons comme Jacky Novi, Eric Renaut, François M'Pelé, Mustapha Dahleb… »
Vous avez regretté, un jour, que Daniel Hechter ne soit pas honoré par le PSG comme il le devrait…
« Bien sûr. Il a été radié pour une affaire de double billetterie mais c'est quand même lui qui a créé le PSG. Il a mis de son argent et a même imaginé le maillot du club (Hechter était un couturier reconnu). Ça mérite bien une forme de reconnaissance. »
Propos recueillis par Jean-Pierre PRAULT
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