Au cours du week-end, le présidente argentine de centre-gauche Cristina Kirchner a affiché un ton plus conciliant à l'égard de NML Capital et Aurelius Management, qu'elle qualifie de "fonds vautours", et lundi, le ministre de l'Economie Axel Kicillof a fait un premier pas vers l'ouverture d'un dialogue en demandant à la justice américaine de suspendre l'exécution du jugement.
L'économiste argentin Ramiro Castineira a interprété l'annonce de lundi comme "une première avancée formelle qui va dans le sens de la négociation, même si un dépôt de garantie aurait été plus convainquant". "Cela montre une volonté d'appliquer le jugement", a-t-il ajouté.
Depuis la faillite de l'Argentine fin 2001, Buenos Aires a proposé en 2005 et 2010 deux restructurations de sa dette extérieure à ses créanciers privés, leur promettant 30% des sommes dues, et la quasi-totalité (93%) ont accepté. Parmi les 7% de récalcitrants, les fonds NML Capital et Aurelius Management ont engagé une longue procédure judiciaire aux Etats-Unis pour exiger 100% de la valeur nominale des bons et ils ont fini par obtenir gain de cause le 16 juin.
L'Argentine a dans un premier temps mis en avant qu'elle ne pouvait pas exécuter la condamnation car la clause RUFO (Rights Upon Future Offers) l'empêchait d'offrir à un créancier un meilleur traitement qu'à un autre.
La Bourse en hausse
L'Argentine invoque cette clause en affirmant que si elle paie les 1,33 milliards de dollars, elle s'expose à un nouveau défaut de paiement, anticipant que les autres détenteurs de dette argentine pourraient exiger de toucher comme NML et Aurelius 100% de la mise de départ.
Le quotidien argentin La Nacion envisage un scénario permettant à Buenos Aires de verser aux deux fonds 1,33 milliard de dollars sans que les autres créanciers s'estimant lésés puissent exiger le même traitement en faisant transiter le paiement par des banques internationales ayant racheté les bons de NML et Aurelius.
Théoriquement, le 30 juin est la date butoir pour une résolution du litige car ce jour-là le pays sud-américain doit régler une échéance de sa dette restructurée. Mais l'Argentine pourrait probablement obtenir un délai supplémentaire d'un mois si le processus de négociation n'a pas abouti.
Dans une tribune publiée dimanche par le Washington Post, le New York Times et le Wall Street Journal, la présidence argentine a dénoncé la "voracité" des "fonds vautours". Avant cela, Mme Kirchner avait fait état de la volonté de son gouvernement de trouver un accord pour rembourser tous ses créanciers, y compris les fonds spéculatifs.
Signe de confiance des marchés, l'indice Merval de la Bourse de Buenos Aires était en hausse de 6% après une heure de cotation lundi, après avoir plongé de 8,69% la semaine dernière.
"La dynamique des marchés la semaine dernière était à la panique, je suis certain que cela va s'inverser cette semaine", dit un ancien président de la Banque centrale, Alfonso Prat Gay.
"En moins d'une semaine, (Mme Kirchner) est passée des accusations +d'extorsion+ à +je veux tout payer+", ironise M. Prat Gay.
Pour l'économiste Aldo Pignanelli, c'est le juge Griesa, qui a prononcé le jugement défavorable à l'Argentine, "qui détient la clé". "C'est lui qui doit accepter ou recommander une issue. Nous dépendons de lui. Il a dit qu'il était disposé à trouver une issue et empêcher que le pays entre de nouveau en défaut de paiement".
Le juge Thomas Griesa doit dire désormais s'il accède ou pas à la demande argentine de suspendre l'exécution du jugement et si les conditions sont réunies pour négocier.
AFP