Buenos Aires refuse de rembourser deux fonds vautours, en dépit d’une décision de justice défavorable.
Simple posture diplomatique ou réel risque de défaut de paiement ? A la suite d'une décision de la justice américaine, le gouvernement argentin s’est déclaré dans l’impossibilité d’honorer la prochaine échéance de sa dette restructurée , faisant ainsi craindre un défaut de paiement. Il reste quelques jours d’ici au 30 juin pour trouver une solution.
Le problème est venu de la Cour suprême américaine qui a rendu exécutoire la condamnation de l’Argentine à rembourser quelque 1,33 milliard de dollars à deux fonds vautours . Selon le ministre argentin de l’Economie, cette décision rend impossible le paiement à New York dans les prochains jours des créanciers ayant accepté la renégociation de la dette du pays.
Depuis la faillite retentissante de 2001, Buenos Aires rembourse progressivement sa dette envers 93 % des créanciers qui ont accepté une remise de dette d’environ 70 %. Sur les 7 % restants, les fonds spéculatifs ont refusé tout réaménagement et réclament 100 % de la valeur nominales de bons qu’ils avaient achetés à bas prix.
Cette décision de la justice américaine pose plusieurs problèmes. Déjà, il s’agit du remboursement de 1,33 milliard de dollars. « Buenos Aires peut s’acquitter les yeux fermés de ce montant », estime Pierre Salama, professeur émérite des universités du Centre d’Économie de Paris-Nord. Mais en acceptant ce premier paiement, l’Argentine déclencherait en même temps d’autres échéances dont le total s’élève à 15 milliards de dollars, et qui conduiraient le pays au défaut de paiement.
Risque de jurisprudence
L’autre enseignement tient au risque de jurisprudence que cette décision peut entraîner. Plusieurs chefs de gouvernement l’ont d’ailleurs critiquée, car elle autorise, in fine, des créanciers privés à exiger des montants en appliquant des taux d’intérêt très élevés, ce que plusieurs pays redoutent.
Ce cas est suivi de près par les grands argentiers qui craignent que les créanciers ne finissent par refuser à l’avenir tout compromis avec les Etats en difficulté afin de récupérer l’intégralité de leur dû. Or précisément, Buenos Aires, qui veut de nouveau accéder aux marchés financiers, venait de conclure un accord avec le Club de Paris pour se libérer la voie.
L’Argentine souhaite négocier avec les deux fonds vautours pour éviter le défaut de paiement. Un simulacre pour retarder l’exécution du jugement, a dit le juge new-yorkais.
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