Il ne veut toujours pas y penser. Chaque échéance de cette coupe du monde le rapproche un peu plus de sa fin de carrière internationale. Dans deux matches, on le sait, Juan Martin Fernandez Lobbe, qui aura 34 ans le mois prochain, baissera le rideau sur onze années à porter ardemment le maillot de l'équipe d'Argentine. "J'en profite comme un enfant ! s'exclame-t-il. Je m'amuse et je prends toujours énormément de plaisir sur le terrain. Il y a tellement de supporters qui sont venus nous soutenir. C'est extraordinaire !"
Comme le parcours des Pumas dans ce Mondial. Dimanche, la sélection albiceleste jouera la deuxième demi-finale de son histoire dans cette compétition, après celle de l'édition 2007, en France.
Battue, alors, par l'Afrique du Sud, future championne, l'Argentine présentait peut-être moins de garanties que cette année, néanmoins.
"Avec un leader de jeu comme Agustin Pichot, nous étions vraiment persuadés que nous pouvions aller au bout de l'aventure, précise cependant Fernandez Lobbe. Justement, cet état d'esprit-là se retrouve encore au sein de notre groupe, cette année. S'il y a une différence, celle-ci se situe dans le jeu : en 2007, on jouait moins ouvertement. Là, on s'y emploie davantage tout en gardant en tête l'idée de se faire mal en défense, car c'est hyper-important dans de tels matches."
Les Argentins commencent à y être habitués, eux qui, depuis 2012, se mesurent aux cadors de l'hémisphère Sud, avec les conséquences favorables que l'on voit. "Prendre part au Four Nations est une vraie opportunité, confirme Fernandez Lobbe qui évolue également dans le meilleur club d'Europe avec le RC Toulon. À la Fédération, nos dirigeants ont oeuvré dans ce sens et nous faisons en sorte d'en tirer profit au maximum en affrontant ce qui se fait de mieux, à six reprises chaque année. Si vous ajoutez la tournée d'automne, on ne peut que progresser dans ces conditions. D'autant plus que notre staff a une idée très précise du jeu à pratiquer." Et celle-ci pourrait aboutir au titre mondial, qui sait.
Monter sur le plus haut sommet du monde ?
"J'en rêve ! , ne cache pas le 3e ligne. Bien sûr, que j'en rêve et c'est normal. Mais contre l'Australie, ce sera très chaud ! En tout cas, si on arrive à jouer avec ce qui fait notre force et à mourir avec notre jeu, tout est possible..."
Monter sur le plus haut sommet du monde, en l'occurrence. Il y a encore une quinzaine d'années, qui aurait pu prédire qu'une équipe d'Argentine nourrirait un projet aussi élevé ?
"À partir du moment où l'on travaille très sérieusement, que l'on se confronte aux adversaires les plus performants et que chacun, au sein du groupe, est convaincu de notre force collective, cela se concrétise naturellement sur le terrain, analyse Fernadez Lobbe. Alors, c'est vrai, au début de ce Mondial, on ne pouvait pas certifier qu'on en serait là, aujourd'hui. Mais après avoir négocié la phase de poules de manière satisfaisante (victoires aisées devant la Géorgie, les Tonga puis la Namibie et courte défaite devant la Nouvelle-Zélande, NDLR), on a tout donné pour franchir le cap des quarts et nous voilà dans le dernier carré." Et peut-être dans l'ultime match de cette coupe du monde, le 31 octobre.
L'épilogue de la vie de Fernandez Lobbe chez les Pumas sera-t-il aussi somptueux ?