Fabius se rend en Argentine, en Uruguay et au Chili

Laurent Fabius, le 23 février. Ng Han Guan/AP

Un an après une première tournée, qui l'avait conduit au Pérou, au Panama et en Colombie, Laurent Fabius se rend en Argentine, en Uruguay et au Chili, du vendredi 7 au mardi 11 mars. L'ambition reste la même : relancer la diplomatie française en Amérique latine, dans l'ensemble de la région, au-delà des puissances émergentes.

A l'origine de cette nouvelle tournée du ministre des affaires étrangères se trouve l'investiture de la présidente chilienne Michelle Bachelet, que entame un second mandat non consécutif le 11 mars. Le retour triomphal des socialistes au Chili, dans le cadre d'une coalition de centre gauche élargie aux communistes, est de nature à faire rêver les socialistes de France et de Navarre, face aux défi des prochaines élections européennes. Mais l'alternance politique au Chili est aussi une aubaine pour la diplomatie française, qui peut afficher son enthousiasme pour l'Alliance du Pacifique, sans craindre les critiques venant de la gauche.

Lors d'une réunion de l'Alliance du Pacifique.  Jose Miguel Gomez/Reuters

Au Quai d'Orsay, l'Alliance du Pacifique (lancée par le Mexique, la Colombie, le Pérou et le Chili) n'est pas plus de droite que le Mercosur (l'union douanière regroupant l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay, le Paraguay et le Venezuela) ne serait de gauche. Seulement, l'Alliance tournée vers la région Asie-Pacifique constitue la partie la plus dynamique de l'Amérique latine, la plus ouverte, dont les marchés sont les plus accessibles aux entreprises françaises. Or, la diplomatie économique chère à Laurent Fabius ne saurait ignorer cet aspect. La France a déjà le statut de pays observateur de l'Alliance du Pacifique.

Doutes sur l'avenir du Mercosur

En revanche, il est permis de s'interroger sur l'avenir du Mercosur. Deviendra-t-il un simple forum politique ? Les pays membres seront-ils au rendez-vous de ce mois de mars avec une offre de négociation en vue d'un accord avec l'Union européenne ? Jusqu'à présent, une offre conjointe, même à l'exclusion du Venezuela qui n'en serait pas partie prenante, reste improbable. Le déplacement de Fabius à Buenos Aires pourrait permettre de clarifier la position de l'Argentine, assez réticente. Malgré l'infléchissement récent de la politique économique de Cristina Kirchner, qui va plutôt dans le bon sens, les contentieux avec des groupes français comme Total, GDF-Suez et Saur ne sont pas soldés.

Estela de Carlotto (à gauche), présidente de l'Association des Grand-mères de la place de Mai. Daniel Garcia/AFP

A défaut de filer l'entente parfaite avec la présidente argentine, Fabius jouera sur la corde mémorielle et des droits de l'homme, avec une visite à l'église de Santa Cruz, où avaient été enlevées les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, en 1977. Sur ce sujet, Paris s'entend mieux avec Buenos Aires qu'avec Brasilia, qui campe sur des positions « souverainistes ». Le ministre va remettre la Légion d'honneur à Estela de Carlotto, la présidente de l'association des Grands-mères de la place de Mai, à Susana Rinaldi, la grande interprète du tango, et à Mafalda, la fameuse invention du dessinateur Quino. Un trio rêvé pour incarner le courage, le génie, la repartie des femmes argentines à l'occasion du 8 mars.

Cinquante ans après le voyage du général De Gaulle

Après les municipales, François Hollande devrait se rendre au Mexique, cinquante ans après la visite historique du général De Gaulle, qui avait invité ses hôtes à marcher la main dans la main avec la France. Après son fameux discours de Mexico, le grand Charles avait pris le temps d'une longue tournée dans dix autres pays d'Amérique latine, un événement à chaque étape. Mais les temps ont changé.

Après avoir entretenu les relations avec les Brésiliens, à la fois cordiales et laborieuses, Hollande devra consacrer le rapprochement avec les Mexicains, à la suite du coup de froid de la présidence Sarkozy. Ça tombe bien, le président Enrique Peña Nieto est parvenu à remettre le Mexique sur orbite, en adoptant une série de réformes. En ce qui concerne la crise sécuritaire, il a promis de créer une gendarmerie nationale, pour laquelle les Français pourraient être de bon conseil.



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