Après le succès convaincant contre l'Australie, Philippe Saint-André a prévenu ses joueurs du risque de décompression et les a mis en garde. Un message reçu par le groupe France, qui devra passer des paroles aux actes samedi prochain contre l'Argentine.
france echauffement © Panoramic
« Je ne peux pas dire qu’un groupe s’est créé, je vais attendre la fin de ces trois tests. » Dans les couloirs du Stade de France samedi, Philippe Saint-André avait un leitmotiv. Le sélectionneur des Bleus voulait absolument calmer l’euphorie ambiante après la démonstration réussie devant l’Australie (33-6). Une prestation aboutie pleine de promesses pour l’avenir. Mais le boss du XV de France vise la continuité dans les performances. Un mot d’ordre entendu par ses joueurs. « Il faut savoir savourer, lâchait Louis Picamoles. Ça n’arrive pas tous les jours. Il ne faut pas galvauder ce genre d’émotion. On doit en profiter, même si on est dans l’obligation de très vite basculer sur ce qui nous attend samedi, avec le match contre l’Argentine. » « C’est bon de gagner face à une nation du Sud, confirmait Frédéric Michalak. Ça reste un gros match de rugby, derrière il faut gagner, gagner. D’abord contre l’Argentine, qui est allée gagner au pays de Galles (12-26). C’est une très belle équipe. On les bat rarement, on a beaucoup de respect pour eux. Il va bien falloir préparer ce match, car on a juste gagné un match, c’est tout. »
Parmi les plus expérimentés du groupe, l’ouvreur toulonnais connaît l’importance d’être constant, comme le disait Oscar Wilde dans sa pièce de théâtre. Dans leur histoire, les Bleus ont habitué leurs supporters aux exploits sans lendemain. Les plus célèbres exemples se sont produits en Coupes du monde. En 1999 comme en 2007, les Français avaient réussi la performance de sortir les All Blacks au moment où ils étaient pourtant au plus mal. Et dans la foulée, dans les deux cas, leur parcours s’était arrêté au tour suivant. Là encore, le pire leur était promis face aux Australiens le week-end dernier et les Bleus ont su se sublimer. « C’est le gros problème du rugby français, analyse Saint-André. Souvent, tes meilleures performances viennent par la peur. Mais il va falloir trouver un autre ingrédient contre l’Argentine ou avoir peur de nouveau. On a besoin de régularité dans la performance. On s’est donné un objectif, c’est d’essayer de finir dans les quatre premiers au classement IRB. Ça passe par trois victoires, on en est à une. » « Même si on profite, on y pense déjà et on n’a pas envie d’avoir fait ce match pour rien, lâche Picamoles. On a envie que ça continue. »
Comme ils l’ont fait contre l’Australie, les Bleus devront bien élaborer leur coup pour vaincre les Pumas, l’une des bêtes noires historiques du XV de France. Ils ont donc rapidement basculé dans la préparation de la rencontre. « On va tout faire : récupérer, travailler collectivement et individuellement, débriefer le match de l’Australie, énumère Saint-André. Dès lundi matin, on va vraiment rentrer dans la préparation des Argentins. Il faudra une préparation commando si on veut être capable de battre cette équipe qui ne nous réussit pas très bien, comme les Australiens. » Derniers du Four Nations cet été, les hommes de Santiago Phelan ont parfaitement débuté leur tournée d’automne, avec une victoire marquante au Millennium Stadium de Cardiff. « Ils ont été impressionnants au pays de Galles. On sait que ce sera un match du même niveau, même s’ils vont nous proposer des choses différentes. Dans l’investissement et dans la peur collective, il faudra être dans le même état que contre les Australiens. » Tout un programme, pour des Bleus qui connaissent les écueils à éviter. Mais ils devront passer des paroles aux actes, souvent l’étape la plus compliquée à négocier.