Dans la maison des Quidé, le sapin trône dans le salon. «
J’en ai pris un artificiel pour des questions pratiques
», explique Annie. Pas de quoi dépayser Belén car «
au Nord de l’Argentine, on n’en a pas de vrais et nous, on le décore le 8 décembre, à la fête de la Vierge
». Arrivée à Leforest le 25 août, dans le cadre d’un échange de jeunes lycéens du Rotary International, et accueillie par la famille d’Amandine Humez, partie, elle, en Argentine (voir ci-dessous), la jeune fille est chez Franck et Annie depuis le 8 novembre. «
Elle va rester chez nous jusqu’au 31 janvier, ensuite, elle va encore dans une autre famille avant de retrouver celle d’Amandine
», précise le couple qui a visiblement déjà tissé des liens très fort avec leur hôte.
«
On est ravis de l’avoir à la maison, d’autant que nous avons deux garçons donc c’est bien d’avoir une présence féminine, sourit Annie en lançant un sourire complice à Belén. Et puis, elle nous apprend plein de choses sur elle, son pays, ses habitudes, ses traditions.
» À commencer par Noël qui a, bien entendu, lieu ce 25 décembre… «
Sauf qu’à cette période, chez nous, on ne porte pas de pull… parce que c’est l’été et qu’il peut faire jusqu’à 39ºC
», précise la jeune fille. Pas de repas au coin du feu, là-bas, mais «
des barbecues
» dans le jardin et quelques plats typiques comme le vitel toné (du veau en sauce). Loin des escargots et foie gras, au menu des Quidé, et qu’elle redoute de manger. «
Elle va quand même goûter comme elle le fait avec tout ce qu’on lui prépare
», positivent ces derniers qui n’ont pas changé leurs habitudes pour autant.
Comme cette coutume familiale qui consiste, pour les adultes, à «
offrir un petit cadeau de 10 € à l’un des invités qui doit deviner de qui il vient
». Ainsi, Belén a déjà acheté son présent. Si ces pratiques sont nouvelles pour elle, ce n’est pas le cas du père Noël qui, lui, est universel. «
D’ailleurs, l’une de mes sœurs en a peur.
» Deux frangines de 8 et 11 ans à qui elle souhaitera, comme à ses parents, un Joyeux Noël via Face Time ou Skype qu’elle utilise régulièrement pour communiquer avec eux. «
C’est la première année où je vais passer les fêtes sans ma famille, c’est pas facile.
» Néanmoins, elle peut compter sur les Quidé pour lui remonter le moral. «
On est très attentif à ce qu’elle se sente bien. Et pour nous, elle fait complètement partie de la famille.
»
Le Français sur le bout de la langue
Difficile d’imaginer qu’il y a encore quatre mois, elle ne parlait pas un mot de français. «
Au début, je communiquais beaucoup en anglais (qu’elle parle couramment) et j’avais mis des post-it en espagnol (sa langue natale) et en français partout dans la maison, notamment dans la cuisine pour désigner les choses
», se souvient Belén.
Aujourd’hui, en plus de le comprendre, elle le parle presque parfaitement avec un petit accent, néanmoins très charmant. Il faut dire qu’en plus du programme de Terminale S qu’elle suit au lycée Darchicourt d’Hénin-Beaumont, elle prend des cours de français par correspondance.
Par ailleurs, les Quidé tentent de l’initier au Ch’ti dans l’objectif de lui montrer le célèbre film… de Dany Boon, bien entendu. «
Ça me fait rire et parfois, je me moque un peu, hein ?
», lance, dans un grand éclat de rire, la jeune étudiante qui vient tout juste de fêter ses 18 ans.
À son retour en Argentine, le 7 juillet prochain, elle reprendra son année scolaire là où elle l’a quittée et compte ensuite enchaîner sur des études de médecine. Car la jeune fille aimerait être neurochirurgien « dans une association humanitaire comme Médecins sans frontières
».
Pendant ce temps-là, à Buenos Aires...
Pour Amandine Humez aussi, Noël se fait, cette année, loin des siens. «
C’est une période un peu plus difficile, on lui manque et elle nous manque beaucoup, témoigne Sylvain Colin, son beau-père. Encore plus lors des grands événements familiaux comme l’anniversaire de sa sœur, Emma qui a fêté ses 12 ans samedi dernier. Heureusement, il y a aujourd’hui des moyens de communication extraordinaires comme Face Time (appels vidéos). On a d’ailleurs fait une session de 4 heures ce jour-là, comme ça, elle a pu être avec nous lorsque sa sœur a soufflé ses bougies.
»
Si les fêtes de fin d’année ont un goût un peu particulier pour la jeune Leforestoise, c’est aussi parce qu’en ce moment, en Argentine, ce sont les grandes vacances. Trois mois durant lesquels Amandine voit donc moins ses amis et les contacts qu’elle a pu se faire sur place. D’autant qu’ «
elle part en voyage, sur la côte de Buenos Aires, avec sa famille d’accueil dès ce 25 décembre, du coup, le réveillon s’est fait rapidement. D’ailleurs, ils n’ont pas mis de sapin
».
Pas de quoi pour autant déprimer la lycéenne de 16 ans qui s’entend à merveille avec ceux qui lui ont ouvert les portes de leur foyer, à Cipolletti, dans le Nord de la Patagonie. Un vaste territoire qu’elle a déjà pu découvrir lors de road-trips organisés dans le cadre de son séjour avec le Rotary International.