Les billets de 100 et de 50 pesos argentin vont changer de figure, après un virage à droite aux dernières élections présidentielles.
Eva Peron est une figure politique célèbre de l'histoire de l'Argentine qui déplait au nouveau président centre-droit Mauricio Macri, arrivé au pouvoir le 10 décembre dernier. Pour symboliser le tournant libéral qu'il souhaite pour son pays, le chef de l'État a décidé d'effacer le visage d'Eva Peron pour le remplacer par le "taruca", un cerf andin menacé d'extinction.
Evita, comme l'appellent affectueusement les Argentins est morte il y a plus de 60 ans. Elle s'était mariée avec Juan Domingo Peron avant qu'il ne devienne trois fois président (1946-52, 1952-55, 1973-74). Ils ont fondé ensemble le péronisme, un mouvement devenu la principale force politique du pays dans la deuxième moitié du XXe siècle, et dont se réclamait la présidente sortante, Cristina Kirchner.
C'est d'ailleurs elle qui avait fait figurer le visage d'Eva Peron sur les billets de 100 pesos en 2012. Elle avait succédé à la tête du pays à son mari Nestor Kirchner (2003-2007).
Les billets de 50 pesos de l'époque Kirchner devraient eux aussi être redessinés. Les îles appelées Malouines par les Argentins et Falklands par les Britanniques vont être remplacées par un condor des Andes, plus consensuel.
Mauricio Macri a déclaré vouloir ouvrir "une nouvelle ère" dans les relations avec le Royaume-Uni sur cette question. Début janvier, son gouvernement avait invité Londres à "reprendre les négociations" pour trouver une solution "juste et définitive" au contentieux qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis qu'en 1982. Les troupes de la dictature argentine de l'époque avaient repris militairement possession des îles, entraînant un conflit de 74 jours qui s'est soldé par une victoire de la Grande-Bretagne. Les combats avaient fait 255 morts britanniques et 645 argentins. En 2013 les 3.000 habitants de l'archipel s'étaient prononcés par référendum en faveur de la souveraineté britannique.
La Banque centrale d'Argentine a expliqué que ces changements symboliques doivent permettre "à tous les Argentins de se sentir représentés par la monnaie nationale".
Le nouveau président argentin représente son pays cette semaine au forum de Davos après 13 ans d'absence. Buenos Aires était en froid avec les institutions économiques internationales sous les présidences Kirchner, qui les considéraient coresponsables de la faillite du pays en 2001. Mauricio Macri a affirmé vouloir "avoir de bonnes relations avec le monde entier", afin d'attirer des investissements pour parvenir à "une pauvreté zéro".