Au cœur des plus belles cascades du monde
Et Dieu créa les chutes d'Iguaçu !
Situées au beau milieu de la jungle, le long de la frontière entre le Brésil et l'Argentine, les chutes d'Iguaçu sont une merveille de la nature déclarées patrimoine mondial par l'Unesco en 1984. Lors de la dernière Coupe du monde de football 2014 qui s'est déroulée au pays de la Samba, on a découvert cet endroit féerique.
Foz Do Iguaçu, le 24 juin 2014. Il y a deux jours à Porto Allègre, l'équipe nationale d'Algérie venait de remporter son deuxième match de la phase finale de la Coupe du monde de football qu'abrite le Brésil en dominant nettement la Corée du Sud (4-2). Nous figurons parmi une dizaine de journalistes que le groupe agroalimentaire Benamor a invités pour ce séjour sud-américain. Comme il n'y a pas de vols directs de Porto Allègre à Foz Do Iguaçu, il fallait prendre deux avions pour rallier notre destination après avoir parcouru plus de 2400 kilomètres.
Située à la confluence du Rio Iguaçu et du Rio Paraná, à plus de 600 km à l'ouest de la capitale, Curitiba, au sud-est du pays, Foz Do Iguaçu est une ville paisible de l'État du Paraná qui compte 250 000 habitants, dont une forte communauté libanaise. Ici, on est au fin fond du Brésil, à quelques encablures de la triple frontière qui sépare le plus grand pays d'Amérique du Sud avec l'Argentine et le Paraguay. Autrement dit, on est bien loin du cœur du Mondial. Mais après les deux premiers matches des Fennecs, il fallait bien réserver un moment de détente pour évacuer le stress.
Et la meilleure façon de le faire c'est d'aller visiter ces fameuses chutes d'Iguaçu dont on a souvent entendu parler depuis notre arrivée au Brésil. Mais pas tout de suite. Il fallait passer la nuit d'abord à l'hôtel pour se reposer après le long voyage que nous avons eu à effectuer. C'est donc le lendemain en début de matinée que l'expédition allait avoir lieu.
Au cœur de la jungle pré-amazonienne
Pour visiter le site qui se trouve à la sortie de la ville de Foz Do Iguaçu, les organisateurs du voyage ont dû acquérir les services d'un guide expérimenté. Silvio Faria, la cinquantaine, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est un gars du coin. Comme son métier l'exige, il est polyglotte et parle parfaitement le français. Dans le bus qui transporte la délégation aux chutes qui se situent à une vingtaine de minutes de Foz Do Iguaçu, Silvio fait une présentation détaillée du site, ce qui donne un avant-goût de la visite guidée. Couvrant une surface d'environ 185 000 hectares, ledit parc préserve l'une des plus belles réserves de Mata Atlântica du Brésil.
Il abrite de nombreuses espèces de flore et de faune menacées ou carrément en voie d'extinction, notamment la loutre géante et le fourmilier géant. De l'autre côté du fleuve Iguaçu, se situe la partie argentine du parc naturel, le parc national d'Iguazú. Manque de pot : il se met à pleuvoir dès notre arrivée. Bien qu'avertis par le climat subtropical qui caractérise la région avec des précipitations qui arrosent très fréquemment le fleuve Iguaçu durant tous les mois de l'année, la majorité d'entre nous s'est retrouvée piégée par les premières averses.
En fait, les premiers rayons du soleil de la matinée avaient fait croire à la délégation algérienne que le climat allait être relativement doux pour cette journée. Sautant sur l'occasion, des marchands ambulants ont accouru nous proposer des capes imperméables en plastique avec capuche à 5 reals brésiliens (environ 2 euros). C'était déjà pas mal pour ceux qui n'avaient pas pris leurs précautions pour faire face à ce changement de temps subit, même si cela s'est avéré plus tard insuffisant pour se protéger des fortes pluies qui se sont abattues sans discontinu durant cette expédition.
Une fois entrés au parc national de l'Iguaçu, on se retrouve en plein milieu de la jungle préamazonienne. Il fallait alors parcourir encore dix kilomètres par bus pour se rendre directement aux chutes. Mais c'était une occasion inespérée d'admirer le paysage sauvage de la jungle riche en variétés végétales. «Ici, vous pouvez croiser plusieurs espèces d'animaux sauvages rares tels le puma et le jaguar», commente notre guide.
Les plus grandes chutes du monde
Une première vue panoramique des chutes, côté argentin, s'offre, d'emblée, à partir de la première passerelle du parcours. Tout le monde avait, sans tarder, dégainé ses appareils photos et caméras pour fixer l'incroyable paysage qui s'offrait ostensiblement.
Découvertes en 1542 par le conquistador espagnol Alvar Núñez Cabeza de Vaca, les chutes d'Iguaçu,
baptisées à l'origine «Sauts de Sainte Marie» et signifiant «eaux grandes» en guarini, la langue des autochtones, forment un ensemble de 275 cascades qui dessinent un fer à cheval d'une longueur de presque trois kilomètres. Elles déversent jusqu'à six millions de litres d'eau par seconde.
Les chutes d'iguaçu dépassent en hauteur et en largeur les célèbres chutes Victoria et celles du Niagara.
«D'aucuns pensent que les chutes du Niagara ou de Victoria sont plus grandes que celles d'Iguaçu, alors qu'en réalité ces dernières sont trois fois plus grandes», observe notre guide.
Pour traverser les bras immenses de la rivière Iguazu, il faut emprunter un système de passerelles longeant le haut de la crête, ce qui permet ainsi de s'approcher des fameuses cataractes. Les cascades vaporisent de gigantesques nuages de bruines qui laissent les touristes sans voix. Plus on avance dans ce circuit, plus on admire les masses d'eau qui coulent violemment dans un large gouffre.
Le spectacle est tout simplement extraordinaire. «C'est la salle d'attente du paradis», s'écrie Halim, un journaliste de Compétition. La beauté du site est légendaire, à telle enseigne qu'on raconte qu'Eleanor Roosevelt, l'épouse de l'ancien président américain Franklin Roosevelt, s'est exclamée en le voyant pour la première fois: «Poor Niagara !» (Pauvre Niagara), allusion aux chutes du Niagara qui se trouvent aux confins du Canada et des Etats-Unis, considérées comme les plus belles au monde.
«Personnellement, j'ai déjà visité les chutes du Niagara, mais je peux vous certifier que celles d'Iguaçu sont plus belles et de loin», assure Stéphane, le guide français que le groupe Benamor a engagé pour la Coupe du monde. Le site est submergé de touristes venus des quatre coins de la planète. Mais tout comme les membres de la délégation algérienne, ils sont nombreux à profiter du séjour spécial Coupe du monde au Brésil pour visiter ce petit coin de paradis.
Comble de malchance pour ces nombreux touristes sud-coréens qui pensaient profiter de cette virée aux chutes d'Iguaçu pour oublier la débâcle enregistrée par leur équipe nationale face aux Fennecs, les supporters algériens étaient bien là pour leur rappeler la triste soirée de Porto Alegre. Ce qui a obligé nombre d'entre eux à écourter rapidement leur balade ! «Ils n'ont pas eu de chance ces pauvres Coréens, il fallait venir un autre jour», ironise Ali, un mordu des Verts.
«Vous avez les chutes, nous avons la vue !»
Il est impossible de visiter les chutes d'Iguaçu sans se rendre compte que la légendaire rivalité qui oppose l'Argentine au Brésil en football est aussi présente dans le domaine touristique. Depuis toujours, les deux pays voisins se vantent d'avoir le meilleur point de vue des chutes. Mais si du côté argentin, la position est plus rapprochée du fait que ce pays détient le gros des chutes estimé à 80%, c'est du côté brésilien, toutefois, que le panorama est le plus saisissant.
«C'est à partir du Brésil qu'on peut le mieux admirer le spectacle. D'ailleurs, ici, les Brésiliens taquinent souvent leurs voisins argentins en leur disant : «Vous avez les chutes, nous avons la vue !» «Comme quoi la rivalité entre les deux pays peut aussi toucher le secteur touristique», explique Silvio.
Mais cette rivalité peut quelquefois dépasser le stade de la plaisanterie. D'ailleurs, après les violentes crues qui ont frappé le côté argentin quelques jours avant cette visite et qui ont conduit à la fermeture temporaire du site suite à la destruction d'une partie de l'infrastructure, les Argentins ont accusé leur voisins d'avoir été à l'origine du sinistre pour avoir favorisé la déforestation dans la région !
La gorge du Diable ou le clou du spectacle
Au bout du sentier d'un kilomètre et demi que doivent parcourir les touristes pour visiter les chutes d'Iguaçu, un ascenseur permet d'avoir une dernière vue panoramique sur la plus haute et la plus impressionnante des chutes qu'on appelle communément la Garganta del Diablo (la gorge du Diable). Haute de 90 mètres, elle se trouve du côté argentin. Son débit immense produit un bruit assourdissant et étourdissant. Le patron du groupe Benamor, en l'occurrence
Laïd Benamor, est tombé tout simplement sous le charme de dame Nature.
«C'est un véritable tableau idyllique qui nous permet d'oublier un peu le stress de la vie. Ça permet aussi de recharger nos batteries à la veille du match capital face à la Russie», nous confie-t-il.
Son ami Kamel Moula, PDG des laboratoires Venus, partage lui aussi les mêmes sensations,
«c'est un lieu de détente par excellence ! Difficile de trouver les mots pour décrire ce qu'on ressent exactement devant un tel paysage», confesse-t-il. Avant de regagner le bus, on croit apercevoir le tatou à trois bandes, un petit animal brésilien qui a été choisi comme mascotte du Mondial. Fausse alerte, puisque l'animal en question, présent partout dans le parc, s'est avéré être un coati, un mammifère appartenant à la famille des procyonidés.
Connu pour être le symbole du parc national de l'Iguaçu, il fait malheureusement partie des espèces en voie de disparition.
Tout le monde profite pour se faire photographier avec ce sympathique animal au museau pointu.
Ainsi, après une excursion qui a duré près de quatre heures, la visite touche à sa fin. C'était le moment de rentrer à Foz Do Iguazo, la tête fourmillant d'images qui resteront sûrement et à jamais gravées dans la tête de tout un chacun.
O. M.