Entraîneur argentin, une profession qui s’exporte bien

La Copa America a consacré l'école des entraîneurs argentins avec quatre représentants dans le dernier carré. L'entraîneur argentin est souvent gage de succès comme le montre l'histoire du football mondial.

« Un Argentin c’est un Italien qui parle espagnol, qui aimerait être anglais mais se comporte comme un français ». Au-delà de ce trait d’humour est valorisé la capacité d’adaptation qu’ont les compatriotes de Che Guevara dès lors qu’ils quittent leur patrie adoré. Les entraîneurs argentins en sont le meilleur exemple, se fondant à merveille dans des contrées étrangères. Quoi de plus naturel au pays de Vito Dumas, auteur d’un tour du monde en solitaire. Symbole de la argentina touch, les quatre derniers  demi-finalistes de la Copa America sont dirigées par un entraîneur albiceleste. Et si on veut aller plus loin, sur les douze équipes engagées dans la compétition, on en comptait six.

 

Prime à la méritocratie

« L’idée est tout aussi importante que l’interprète. » Comptez pas sur nous pour contredire le Mage de de Fusignano, j’ai nommé Arrigo Sacchi. L’Argentine a pris au pied de la lettre cette phrase en formant énormément d’entraîneurs de renom, et avec des convictions sur le jeu à adopter, chose que le voisin brésilien par exemple n’a  pas voulu imiter quand on voit les réussites récentes de certains de ses ressortissants, Dunga au hasard.

On compterait une centaine d’entraîneurs dans les cinq continents, de Marcelo Gallardo à River Plate jusqu’à Esteban Becker en Guinée Equatoriale.  La réussite des entraîneurs argentins n’est pas quelque chose de récent comme on peut l’évoquer pour les coachs portugais, autre nation phare dans ce domaine-là. Non l’histoire a pris forme dans les années 60, lorsque Helenio Herrera a donné ses lettres de noblesse à L’Inter Milan en remportant les deux premières Ligue des Champions du club. « HH », ancien joueur du Red Star et possédant la nationalité française, n’a pas été qu’un bienfaiteur pour le club lombard puisqu’il a connu également le succès avec le Barça et l’Atlético de Madrid. Si bien qu’il a remporté 15 trophées majeurs !

 

 

Avant lui, un autre entraîneur albiceleste avait ouvert la voie, à savoir Luis Carniglia, double vainqueur de la Ligue des Champions avec le Real Madrid mais également champion de France avec Nice. Les entraîneurs argentins, plus aguerris à cette époque, ont profité très tôt de la professionnalisation du championnat local . L’AFA, fédération argentine, a été crée le 21 février 1893 grâce à l’Ecossais Alejandro Watson Hutton, tandis que le championnat avait vu le jour en 1891. A titre de comparaison, le championnat de France est né en 1932.

Autre élément important, c’est la méritocratie accordée à ces entraîneurs. On a tout un panel de coachs aux parcours et cursus bien différents qui enrichit le football argentin. Un Carlos Bilardo, champion du monde 1986, était docteur de formation. Jorge Sampaoli, finaliste pour sa première Copa America samedi prochain, n’a jamais connu le niveau professionnel. Marcelo Bielsa enfin, a connu une brève carrière de joueur, mais a hissé haut les couleurs des Newells Old Boys, au point qu’aujourd’hui le stade de l’équipe porte son nom.

 

Autre élément, et c’est paradoxal, l’instabilité de la Primera avec ses nombreux coachs virés fait qu’on donne sa chance à des coachs de plus en plus jeunes. C’est le cas pour Marcelo Gallardo, âgé de 39 ans et entraîneur de River Plate, tout comme ça l’est pour son rival Rodolfo Arruabarrena coach de Boca Juniors au même âge. Estudiantes a fait encore mieux en confiant les clés de l’équipe à Gabriel Milito, âgé de 34 ans ! Ces jeunes entraîneurs espèrent marcher sur les traces du « vieux » Simeone, âgé de 45 ans et leader charismatique de l’Atlético de Madrid.

L’école Bielsa fait des émules

« Je m’identifie à Bielsa. » Jorge Sampaoli n’est pas le seul entraîneur à avoir fait allégeance à « El Loco ». A l’instar de Sacchi ou Cruyff, le technicien argentin a suscité des vocations parmi ses anciens joueurs ou collaborateurs. En Europe, Berizzo dirige le Celta Vigo, Mauricio Pochettino Tottenham tandis que Simeone cornaquent les Colchoneros. Si on traverse l’Atlantique, le phénomène prend plus d’ampleur avec Martino en DT de l’Argentine, Gallardo à River, Sampaoli donc au Chili.

Le Chili justement a viré à l’obsession dans son championnat local avec l’incorporation d’une demi-douzaine de coachs qui se revendiquaient disciples du guide olympien comme l’expliquait un très bon dossier dans France Football la semaine dernière. Avec des fortunes diverses puisque tous ne connaissent pas la même réussite. La tendance pourrait cependant continuer avec des futurs retraités à l’image de Javier Mascherano qui ne serait pas contre une expérience d’entraîneur et qui a clamé son admiration pour Bielsa. Quelque chose nous dit qu’on a pas fini d’entendre parler des entraîneurs argentins dans le football mondial.

Elton Mokolo – @EltoMok

Open bundled references in tabs:

Leave a Reply