En Argentine, (toujours) à la recherche de l’enfant perdu

Même Mauricio Macri, le président de l’Argentine, y a cru. «Je voulais souhaiter un heureux Noël de retrouvailles à Chicha Mariani, à sa petite-fille et à toute la famille», écrivait-il, jeudi midi, de son compte twitter. La veille de Noël, le monde apprenait que Maria «Chicha» Mariani, une Argentine de 91 ans, avait retrouvé sa petite-fille Clara Anahi, enlevée il y a trente-neuf ans pendant la junte militaire. Mais dès le lendemain, le conte de Noël de la mamie qui retrouve sa petite-fille perd toute sa magie. «Les deux résultats [des analyses ADN, ndlr] concluent à l’absence de parenté entre le profil génétique de la jeune femme et celui de la famille Chicha Mariani, ainsi qu’avec celui des autres familles qui sont toujours à la recherche d’enfants enlevés», a assuré Pablo Parenti, le responsable de l’agence gouvernementale chargée de rechercher les enfants disparus durant la dictature.

Pourquoi un tel cafouillage ?

Trois analyses génétiques ont été réalisées. La première a été pratiquée par un laboratoire privé (dont le nom n’a pas été communiqué). Le résultat du test est positif et atteste d’un lien de parenté de 99,9% entre les deux femmes. La Fondation Anahi, créée en 1989 par Maria Mariani, très impliquée dans la recherche d’enfants kidnappés pendant la dictature, publie sur son Facebook l’heureuse nouvelle agrémentée d’une photo des deux femmes l’une à côté de l’autre. Mais quelques heures après la publication, les autorités argentines démentent : il n’y a aucun lien de parenté entre Maria Mariani et celle qu’on prenait pour sa petite-fille. Les résultats de deux autres tests officiels, dont l’un pratiqué par la Banque nationale de génétique (BNDG), sont négatifs. Des confusions qui expliquent que Maria Chicha Mariani a d’abord reçu la nouvelle «avec réserve», sans vouloir trop y croire. C’est après l’arrivée des résultats de la troisième analyse qu’elle s’y est résolue. Selon son porte-parole, Juan Martin Padilla, l’erreur vient de «personnes, bien intentionnées qui aiment beaucoup “Chicha” Mariani». Emportées par l’émotion lorsqu’elles ont vu les premiers résultats positifs, elles ont publié un communiqué trop rapidement, sans avoir attendu la confirmation des autres analyses.Ces retrouvailles manquées qui ne suffisent pas à décourager la vieille dame. Selon Juan Martin Padilla, la recherche «de la mémoire, de la vérité et de la justice» se poursuit.


Hélène Gully

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