En Argentine, certains se font justice eux-mêmes

Plusieurs voleurs pris en flagrant délit ont été tabassés par des témoins. Des actes de lynchage qui horrifient et interrogent les Argentins.
On croirait un remake de la Zona, ce film hispano-mexicain dans lequel les habitants décident de faire justice eux-mêmes. Sauf que le scénario est bien réel. Il se passe en Argentine. ces dernières semaines, le pays est secoué par plusieurs cas de lynchage de délinquants. Des habitants ont décidé de rendre justice eux-mêmes en punissant violemment des auteurs de délits.
Une dizaine de lynchages
Tout a commencé le 29 mars avec le passage à tabac de David Moreyra, un jeune de 18 ans qui avait eu le malheur de dérober le sac d’une femme. Des témoins du vol se sont précipités sur lui et l’ont battu le laissant presque pour mort. L’ adolescent décèdera de ses blessures à l’hôpital quatre jours plus tard. Comble de l’épouvante, la vidéo de cette punition sanglante a été filmée et diffusée sur You tube. « Un film d’horreur », a commenté le quotidien argentin Pagina 12.
Rongée par la mort de son enfant, la mère de David Moreyra restera sûrement hantée par l’incompréhension : « pourquoi son fils n’a  tout simplement pas été arrêté et amené au commissariat ? » s’est-elle indignée dans la presse. Les auteurs du lynchage n’ont-ils pas eu d’états d’âme ?

Un Etat absent ?
Visiblement cette séquence filmée a donné des idées à certains, désireux de s’autoproclamer justiciers. Le lynchage de David Moreyra a été le premier d’une série de dix autres, tout aussi effrayants et choquants. L’émoi et l’effroi suscités par ces « revanches collectives » a laissé place aux interrogations dans l’opinion publique. Des questions reprises par les politiques, divisés sur les raisons profondes de ce déferlement de haine.
La présidente argentine Cristina Kirchner a condamné cette réponse à la violence par la violence. « Les gens ne doivent pas se faire justice eux-mêmes dans un Etat de droit », a-t-elle réagi à l’AFP lors d’une cérémonie officielle à Buenos Aires. Celle-ci entend oeuvrer en faveur de plus d’intégration sociale des jeunes. Pour calmer les esprits, elle a annoncé un plan national d’insertion sociale des jeunes souffrant d’addiction aux drogues prévoyant notamment la construction de plus de 200 centres éducatifs, de soin et de prévention au profit des jeunes toxicomanes.

Pas suffisant pour les détracteurs de la chef de l’Etat.  Selon eux, ces expéditions punitives sont le signe de l’absence de l’Etat et de politique décente de sécurité. Face à l’incapacité du pays à juguler la criminalité, les Argentins sont amenés à rendre justice eux-mêmes…

 

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