Elne : la famille Jonca retrouve son histoire argentine

Marie-Hélène Jonca vit en Argentine. Elle est venue dans les Pyrénées-Orientales sur les traces son grand-père qui, à la fin du XIXe siècle, avait fui la misère en quittant le département. Récit.

Tout le monde a rêvé à un oncle d'Amérique. Pour la famille Jonca, c'est la cousine d'Argentine qui est venue à Elne retrouver ses racines. L'histoire est peu banale. En 2005, après de longues recherches aux archives départementales et communales, avec le précieux concours du Cercle culturel et de généalogie Illibéris, ainsi que du club de Généalogie 66, la généalogie de la famille Jonca était établie, et publiée dans un ouvrage d'Henri Jonca, sous le titre : Histoire et généalogie de la famille Jonca.

  • Expatrié

Très grande famille, puisque l'arbre la représentant mesure 18 mètres de long, et qu'un livre de 172 pages, édité à 300 exemplaires, relatant les faits historiques les plus marquants la concernant fut nécessaire : photographies, actes, métiers, procès, révolutions, politique... Mais, malgré l'exhaustivité de ce travail de recherche, une telle saga familiale peut avoir encore quelques zones d'ombre, dues aux vies mouvementées de quelques-uns de ses membres pris, souvent malgré eux, dans le tourbillon de l'histoire : guerres, misère, crises économiques.

En ce qui concerne la cousine d'Argentine, Marie-Hélène Jonca, ce fut précisément le cas pour son grand-père, qui dut, au moment de la crise du phylloxéra, en 1887, s'expatrier en Amérique du Sud, en Argentine, là où bon nombre de Roussillonnais allèrent tenter l'aventure. Le port ouvert sur l'Amérique de Sud était Bordeaux, c'est donc sur les bords de la Gironde que Joseph-Jean-Jules Jonca, orphelin de père, sans travail et plongé dans la misère, s'embarqua rêvant d'une vie meilleure et de fortune possible : l'Amérique. L'eldorado.

  • Retrouver ses racines

Son regard se porta sans doute sur les côtes françaises qui s'éloignaient, il avait laissé, là-bas, à Elne, toute sa famille. Désormais c'est de l'autre côté de l'Atlantique que sa vie se poursuivrait… Pour lui, la réussite fut au rendez-vous. Installé cabaretier, il fit prospérer son affaire et épousa une fille du pays avec qui il eut cinq enfants, trois filles et deux garçons, dont un seul eut une descendance portant le nom de Jonca : José-Baptiste Jonca, né en 1905, père de Marie-Hélène.

Avec le péronisme, le malheur s'abattit à nouveau sur la famille. Anti péroniste, José fut poursuivi, interné avec d'autres opposants politiques. Son passage dans les prisons péronistes usa à tel point sa santé, qu'il mourut en 1953, laissant dans son malheur une jeune femme de onze ans sa cadette, et une fille d'un an. Célibataire, seule Jonca en Argentine, Marie-Hélène voulait retrouver sa famille afin de connaître son histoire et de retrouver ses racines. Elle s'est adressée à l'alliance française et à l'ambassade. C'est par hasard que la connexion s'est finalement réalisée : une copie du livre d'Henri Jonca lui fut envoyée. Elne en ligne de mire, et la famille prête à prendre dans ses bras, la descendante d'un de ses membres qui avait fui la misère à la fin du XIXe siècle. Tout dernièrement, la boucle était bouclée, Marie-Hélène sur les pas de son grand-père foulait la terre qui porte toutes ses racines…



Leave a Reply