« El Clan » : à Buenos Aires, la dictature prolifère dans la cave

Peter Lanzani et Guillermo Francella dans le film argentin de Pablo Trapero, El Clan.

L’avis du « Monde » – à ne pas manquer

On ne trouve guère, parmi les films du nouveau cinéma argentin apparu dans les années 1990, de tentatives de se confronter aux années noires de la dictature, comme ont pu le faire leurs aînés, représentants d’un cinéma engagé et militant. Hormis Los Rubios (2003), précis de déconstruction inouï d’Albertina Carri, fille de « disparus » et cinéaste hors normes, ce sont plutôt les miasmes, les ombres portées de cette période qui se déposent sur les films de ces réalisateurs.

Il revient à Pablo Trapero – maître de l’inquiétude sociale et troisième frère, spirituel celui-ci, des Dardenne en Argentine – d’interrompre le règne de la litote et de mettre les pieds dans le plat, avec une sorte de cruauté tranquille dans la distillation de l’horreur qui confine à la farce macabre.

Kidnappings, extorsion de fond

Son scénario – et c’est bien là le clou – n’en est pas moins tiré de la plus plate réalité. En l’occurrence celle du clan Puccio, une famille de la moyenne bourgeoisie argentine du début des années 1980, qui jouit d’une honnête réputation dans un quartier résidentiel du grand Buenos Aires, grâce à l’activité de son magasin d’articles nautiques, tout en se livrant, dans le sous-sol de la maison familiale, à la séquestration, à la torture et à l’assassinat.

C’est dire, d’emblée, la porosité de l’ordre familialiste bourgeois et de l’ordre étatique fasciste, quand bien...

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